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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Schiaparelli Elsa

Elsa Schiaparelli, née le 10 septembre 1890 à Rome et morte le 13 novembre 1973 (à 83 ans) à Paris, est une créatrice de mode qui a tenu une maison de haute couture à Paris durant les années 1930 à 1950. Volontairement provocatrice et considérée avant-gardiste, elle est célèbre pour l'utilisation de son Rose shocking dans ses collections. En 2012, Diego Della Valle rouvre la maison Schiaparelli et l'installe à Paris, place Vendôme, dans les locaux auparavant occupés par la grande couturière elle-même. 

Schiaparelli Elsa
Jeunesse et débuts

Elsa Schiaparelli naît à Rome, au palais Corsini dans une famille d'universitaires. Son père, Celestino Schiaparelli, est orientaliste ; son oncle, Giovanni Schiaparelli, est astronome et l'un des promoteurs de la théorie des canaux martiens, qui fut le premier à cartographier cette planète. Sa mère est une descendante des Medicis. Elsa étudie la philosophie dans son jeune temps, et elle écrit des poèmes érotiques qui ne plaisent pas à sa famille. Elle est donc envoyée au couvent, où elle entreprend une grève de la faim. Elle part ensuite pour Londres au début des années 1910, où elle épouse Wilhelm de Wendt de Kerlor, un théosophe rencontré dans la capitale britannique en 1912. Par la suite, elle suit son mari aux États-Unis. Ils ont une fille atteinte de poliomyélite, Maria Luisa Yvonne Radha, qui leur donnera deux petites-filles, Marisa Berenson, mannequin et actrice, ainsi que Berry Berenson (épouse d'Anthony Perkins), photographe et actrice. 

Mari volage, le comte Wilhelm quitte toutefois Elsa pour la danseuse Isadora Duncan. La future créatrice, désargentée, part alors vivre à Paris, où elle se lie d'amitié avec les dadaïstes et parcourt les marchés aux puces pour y faire des trouvailles qu'elle revend à des antiquaires. Même si elle ne sait pas coudre, elle se découvre un goût pour la mode après une visite chez Paul Poiret. C'est en 1927 qu'elle débute, dans son appartement de la rue de l'Université. Elle y crée des pulls avec de grands nœuds en trompe-l'œil qui sont un succès et à propos desquels Vogue n'hésite pas à parler de « chefs-d'œuvre », mais également des sweaters ornés de motifs africains, de serpents ou de cœurs. Par la suite, elle ouvre à Paris son premier magasin, Pour le Sport, au 4 rue de la Paix ; elle étend sa collection pour bientôt habiller les femmes des pieds à la tête. Quelques années plus tard, elle s'installe 21 place Vendôme, dans les locaux que vient de quitter la couturière Chéruit. 

L'hôtel de Fontpertuis, dans lequel elle s'installe compte alors cinq étages et 98 pièces. 500 employées vont pouvoir venir y travailler. En quelque temps, elle fait parler d'elle, multipliant les inventions et coups d'éclat et s'affiche parfois avec des déguisements surprenants. Toujours désireuse d'innover et de surprendre, elle collabore, au cours des années 1930, avec des artistes surréalistes, dont Salvador Dalí, qui crée, pour une de ses robes du soir en organdi portée par Wallis Simpson, un tissu orné d'un homard, ainsi qu'avec Jean Cocteau ou Alberto Giacometti, en plus de Jean-Michel Frank dont elle financera en partie la boutique parisienne. Ces deux derniers participent d'ailleurs à la décoration de la maison de couture. Ces artistes créaient pour elle des motifs, des objets, des décors, des accessoires. Elle comptait parmi ses clientes Arletty, Wallis Simpson, Marlène Dietrich, Greta Garbo, Lauren Bacall et Amelia Earhart. 

La grande créatrice

Elsa Schiaparelli introduit dans l'esthétique vestimentaire de l'époque une dimension artistique, voire loufoque, à part de la dimension fonctionnelle. « C'est une créatrice de concept ». Elle pratique des détournements de fonctions, notamment en transformant un escarpin en chapeau ou des gants avec des ongles. À propos des fermetures éclair, qu'elle utilisait de façon très « arbitraire », Jean-Paul Gaultier notait qu'« elle fut la première à placer le zip comme élément décoratif… comme une broderie ». Toujours pleine d'inventivité, elle introduisit la jupe-culotte dans la garde-robe féminine et le tweed pour le soir. Elle présentait également des silhouettes avec des épaules rembourrées, et n'hésitait pas à utiliser des tissus aux tons très vifs, comme un rose auquel elle se plaisait à donner le nom de Rose shocking. Choquer ne déplaisait pas à Elsa Schiaparelli. En 1936, elle lançait le parfum Shocking dont le flacon conçu par Leonor Fini représente un torse de femme, moulé expliquait-elle, sur celui de Mae West, le sex-symbol hollywoodien de l'époque. Scandale ! Tous ses parfums auront un nom avec la lettre « S », tels « Snuff » parfum masculin au flacon en forme de pipe signé Fernand Guérycolas ou « Le Roi Soleil » au flacon en cristal de Baccarat dessiné par Salvador Dali. Seul « ZUT » créé en 1948 et dont le flacon représentait les jambes de Mistinguett avec guêpière à sa taille dérogera à la règle.

Chaque défilé qu'elle organise reste un spectacle surprenant où, au-delà de la mode, elle soigne l'éclairage, la musique ou la chorégraphie ; elle donne des noms à ceux-ci, comme « Stop, Look end Listen » le premier en date, « Païenne », « Comedia del Arte », « Paillons » ou « Astrologique » avec manteaux et robes du soir brodés de constellations. Mais le plus marquant reste « Le Cirque » le 4 février 1938 avec sa collection « tumultueuse » aux motifs brodés de chevaux, d'éléphants ou d'acrobates, de bottes à poils de singe, de chapeaux de clowns, d'autres imitant un encrier géant. Kathleen Cannell décrit un défilé « plein à craquer de têtes couronnées, d'hommes politiques, d'artistes, d'explorateurs, de star de cinéma, d'excentriques fortunés, de magnats de l'industrie, au milieu desquels les mannequins tentent de se frayer un chemin à travers les salons ». C'est un succès et dès la fin du show, les commandes sont nombreuses. Le défilé coïncide avec l'Exposition internationale du surréalisme aux Beaux-Arts. La couturière réalisait également des costumes pour le cinéma, notamment pour les films Femmes ou Fifi peau de pêche. Elle habille également Arletty dans Hôtel du Nord ou Zsa Zsa Gabor pour Moulin-Rouge. En 1940, quand survient la guerre, elle s'exila aux États-Unis et confia sa maison de couture à l'un de ses collaborateurs. Celle-ci vivote durant les années de conflit. Elsa Schiaparelli revient en France après la Libération et reprend ses activités. 

Elle embauche un jeune modéliste, Hubert de Givenchy, futur grand couturier, et développe ses licences de fabrication. Mais en vain : la révolution du New look de Dior, qu'elle dit trouver « tarte », est passée par là et la renommée de la maison s'étiole peu à peu. En 1954, d'insurmontables difficultés financières la contraignent à fermer sa maison de la place Vendôme. Elle part alors à New York. Après 1959, elle fait partie du Comité des réceptions de la Biennale de Paris. Elle meurt dans son sommeil le 13 novembre 1973 à Paris, après une vie pleine de « créativité ». Bien qu'oubliée ces dernières décennies, ses traits restent gravés dans les mémoires grâce aux portraits qu'ont fait d'elle Man Ray, Picasso ou Jean-Francis Laglenne. « Elsa Schiaparelli, nous dit Gertrud Lehnert, est l'une des personnalités les plus brillantes de l'histoire de la haute couture. Elle conçoit la mode comme un art, intrinsèquement lié à l'évolution des beaux-arts, et notamment de la peinture ». Quand elle arriva à Paris, c’est vers les avant-gardes artistiques qu’elle se dirigea avant de se lancer, sans réelle formation, ce que certains lui reprocheront, dans la conception de vêtements. Elle ne cessa ensuite de fréquenter les surréalistes et elle se montrait parfois, dans ses créations, aussi provocatrice qu'eux tant ses créations n’étaient pas toujours très « faciles à porter » ni très « convenables ». 

Schiaparelli Elsa
Retour de Schiaparelli, en tant que marque

En 2007, Diego Della Valle du groupe Tod's, également propriétaire du chausseur Roger Vivier, rachète la marque à un compatriote italien qui l'avait laissé dépérir. Au printemps 2012, le Métropolitan Museum de New York confronte, artistiquement, Elsa Schiaparelli à Miuccia Prada dans une exposition intitulée « Impossible Conversations ». Elle met en relief les affinités entre les créations de Schiaparelli des années 1920 à 1950 et celles, actuelles, de Prada. Il est possible d'y voir notamment sur écran une étonnante conversation virtuelle entre ces deux grandes personnalités de la mode. En juillet 2012, après 60 ans d'absence, la marque annonce son retour au 21 de la place Vendôme dans des salons à la décoration décrite comme « fantasque », composée de façon hétéroclite par les meubles du décorateur Vincent Darré, des toiles de Pierre Le-Tan, des dessins de Cocteau, les anciens miroirs de Saint Laurent et toutes sortes d'objet afin de recréer l’ambiance surréaliste et décalée des années passées.

Farida Khelfa, ancienne muse de Jean Paul Gaultier, devient l'égérie publicitaire, et le couturier Christian Lacroix dessine une collection en hommage à la créatrice. La direction de la création de la nouvelle maison est assurée par le styliste Marco Zanini. À la fin de 2013, la marque se voit nommée « Membre invité » par la Chambre syndicale de la Haute couture et elle défile pour la première fois depuis fort longtemps le 20 janvier 2014 puis le 7 juillet de la même année. Le 28 avril 2015, Bertrand Guyon est nommé directeur du Style pour l’ensemble des collections « Couture » et « Prêt-à-porter » de l'entreprise Schiaparelli et s'installe au 21 place Vendôme, où travaillait Elsa Schiaparelli. Le mardi 23 avril 2019, quelques jours après avoir annoncé le départ de Bertrand Guyon, directeur artistique de Schiaparelli durant quatre années, la maison annonce le nom de son successeur : Daniel Roseberry. Celui-ci, né au Texas et âgé de 33 ans, a passé dix ans aux côtés de Thom Browne à la tête des collections Femme et Homme de l'entreprise homonyme. 

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