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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Franz von Papen

Franz von Papen est un officier, diplomate et homme d'État allemand, né le 29 octobre 1879 à Werl en Westphalie et mort le 2 mai 1969 à Obersasbach dans le Bade-Wurtemberg. Monarchiste à l'origine, catholique conservateur, il est exclu du Zentrum pour avoir provoqué la chute du gouvernement Brüning. Il aide Adolf Hitler à accéder au pouvoir, mais se retrouve marginalisé après 1934, à des postes d'ambassadeur. Il est jugé non coupable à Nuremberg, mais condamné en 1946, avant d'être relaxé en appel. Il publie ensuite de nombreux ouvrages dans le but de se disculper. 

Franz von Papen
Carrière

De l'empire à la république de Weimar

Fils de Friedrich von Papen, propriétaire terrien, et d'Anna von Steffens, Franz Joseph Hermann Michaël Maria von Papen naît à Werl en Westphalie le 29 octobre 1879. Le 3 mai 1905, il épouse Martha von Boch-Galhau (1880-1961), (de la famille des riches Villeroy & Boch) dont il eut cinq enfants. Après une formation militaire dans la cavalerie, Papen commence une carrière diplomatique en 1913, en tant qu'attaché militaire à Washington et Mexico. Alors que la Première Guerre mondiale a débuté, il se livre à diverses activités d'espionnage et de sabotage industriel contre les États-Unis, dont il est expulsé avec d'autres officiers en décembre 1915. Le 12 décembre 1914 Von der Goltz envisage une invasion japonaise au Canada pour entraver l'expédition de fournitures militaires et de denrées alimentaires à destination de la France. 

Le 3 janvier 1915 un télégramme chiffré, parti de Berlin est adressé à l'ambassade d’Allemagne située à Washington (référence n ° 357) signale que le projet avorte au profit du sabotage du pont de Vanceboro, réalisé par l'officier de réserve Werner Horn venu du Guatemala. Il est ensuite attaché militaire en Espagne avant de prendre part activement au conflit mondial, obtenant des postes de commandement lors des batailles de la Somme et de la Crête de Vimy. Ensuite, parmi la soixantaine d'officiers allemands qui supervisent les troupes turques, il est nommé à Jérusalem, en Palestine alors sous domination ottomane, attaché d'état major à la Quatrième Armée turco-allemande, défaite par les Britanniques sous le commandement du général Allenby dans les dernières semaines de 1917.

Député du Zentrum

Il est élu député du Zentrum à la diète de Prusse en 1921. Membre de l’aile droite du Centre catholique, après avoir soutenu la candidature du maréchal Hindenburg à la présidence du pays en 1925, contre le candidat centriste, il entre en conflit avec Heinrich Brüning, pourtant chef de son parti.

Chancellerie (juin - novembre 1932)

Membre de l’aile droite du Centre catholique, il contribue à faire échouer le gouvernement Brüning, ce qui lui vaut d'être appelé par Hindenburg à la Chancellerie le 1er juin 1932 pour former le « cabinet des barons », un gouvernement conservateur favorable aux intérêts des grands industriels. Exclu de son parti, cherchant à rallier à sa majorité les nationaux-socialistes, il lève immédiatement l’interdiction qui frappe les SA, mais ce geste provoque une recrudescence de l’agitation sociale qui le conduit à proclamer la loi martiale à Berlin, où se multiplient les bagarres entre communistes et SA. Cela lui permet de faire disparaitre le gouvernement local prussien, qui était de centre-gauche. Après ce coup d'éclat, il croit habile de provoquer en juillet 1932 des élections pour avoir une majorité au Reicshtag (où son gouvernement n'a pour ainsi dire pas de soutien). 

La poussée sensible des nazis qui gagnent 123 sièges le conduit à demander à Hindenburg une nouvelle dissolution, qu'il ne peut faire appliquer en raison de l'attitude du président de séance, Hermann Göring, qui ne lui donne pas la possibilité de communiquer le message de dissolution, faisant voter une motion de censure proposée par les communistes et les nazis. Le résultat est toutefois identique (il faut revenir devant les électeurs). La nouvelle élection de novembre 1932 est certes un recul pour les nazis, mais Papen n'a toujours pas de majorité sans les nazis. Il tente d'obtenir de Hitler un soutien, mais les conditions sont telles qu'il préfère démissionner le 17 novembre 1932. Il espère être rappelé par Hindenburg : celui-ci lui préfère Kurt von Schleicher qui tente une politique d'union nationale comprenant des réformes fiscales (espérant le soutien à la fois des syndicats socialistes et des nazis). Mais rapidement, ses efforts sont vains et Papen tente de le déstabiliser pour revenir au pouvoir.

Le gouvernement Hitler

Avec Alfred Hugenberg du DNVP, Papen entame une négociation pour former un gouvernement incluant Hitler. Hitler serait chancelier mais Papen deviendrait vice-chancelier et ministre-président de Prusse. Le 23 janvier, Schleicher qui admet ne pas avoir de majorité au Reichstag, demande à Hindenburg de déclarer l'état d'urgence. Mais la politique fiscale énergique de Schleicher s'était attaquée aux grands domaines des propriétaires prussiens et aux industriels, ce qui avait irrité Hindenburg. Le 28 janvier, Schleicher démissionne, le 30, Hindenburg cède au plan de Papen qui, vice-chancelier, laisse la chancellerie à Hitler, mais dans un gouvernement conservateur où ne se trouvent que deux nazis. Papen projette de faire ensuite renvoyer Hitler du gouvernement et ainsi retrouver le pouvoir.

Rapidement, Papen (qui pensait « coincer Hitler ») se fait déborder par les Nazis. Hermann Göring prend, depuis la Prusse, où il est ministre de l'Intérieur, des décisions sans en référer à son supérieur nominal Papen. Pire, alors que Papen se rend à Rome en avril 1933 pour signer le concordat qu'il avait négocié avec le secrétaire d'État Pacelli (ancien nonce en Allemagne), il est remplacé par Göring au poste de ministre-président de Prusse par un vote du parlement local. N'ayant pas protesté contre les lois qui avaient suivi l'incendie du Reichstag, Papen est alors presque déjà impuissant.

Il tente cependant de convaincre Hindenburg qu'il faut renverser Hitler en s'appuyant sur les conservateurs et l'armée, exaspérés par l'attitude révolutionnaire des SA de Röhm qui veut devenir le cœur de l'armée et changer l'ordre social. Il attaque Röhm dans un discours à l'université de Marburg, en juin 1934, demandant la restauration de certaines libertés et la fin de la « seconde révolution » que les SA ne cessent de demander. Hitler réagit d'abord en interdisant la publication du discours, ce qui permet à Papen de menacer de démissionner. Hitler est alors mis en demeure par Hindenburg de faire cesser les tensions, sous peine d'être démis de ses fonctions et remplacé par un gouvernement militaire. Papen semble être sur le point de réussir.

Éviction du pouvoir

Deux semaines après le discours de Papen, Hitler prend la brutale décision de combiner une opération surprise avec ses SS pour faire éliminer Röhm, les chefs SA, mais aussi d'autres opposants ou rivaux potentiels (comme Schleicher tué avec sa femme, ou Gustav von Kahr) lors de la nuit des Longs Couteaux qui débute dans la nuit du vendredi 29 au 30 juin 1934 et se poursuit jusqu'au lundi suivant. Hitler profite également de l'occasion pour s'occuper des conservateurs qu'il considère comme non fiables : le vice-chancelier et son entourage sont du nombre et une unité armée de la SS boucle la vice-chancellerie. Herbert von Bose, le secrétaire de Papen auteur du discours de Marbourg, y est assassiné d'une dizaine de balles et son autre collaborateur au ministère des Transports, Erich Klausener, est assassiné à son poste. 

Arrivé sur les lieux, Papen proteste en vain de l'arrestation du collaborateur qui l'accompagne, Fritz Günther von Tschirschky et il est reconduit en résidence surveillée à son domicile. Beaucoup d'autres sont envoyés en camp de concentration parmi lesquels Jung, l'autre corédacteur du discours de Marburg, qui y est exécuté quelques jours plus tard. Le journaliste Walter Schotte, collaborateur de Papen qui s'était opposé aux nazis lors des élections du 6 novembre 1932 est également assassiné par la Gestapo. Papen est lui-même arrêté sommairement à la vice-chancellerie, en dépit de ses protestations véhémentes. Peut-être trop proche de Hindenburg pour être abattu, il est placé en résidence surveillée par Göring (qui l'aurait sorti de la liste des victimes) sous la « surveillance spéciale » des SS

Bien que Hitler l'ait fait libérer quelques jours plus tard, Papen n'osera plus critiquer le régime à partir de cet événement. Après quelques jours, lors d'une réunion à la Chancellerie, il ne retrouve plus sa place de vice-chancelier et demande alors une audience privée à Hitler. Épuisé, il finit par démissionner, le 7 août 1934. Papen reste néanmoins député au Reichstag de 1933 à 1945 en tant que député du Parti populaire national allemand (dissous le 29 juin 1933), puis du Parti national-socialiste des travailleurs allemands; il est nommé ambassadeur à Vienne en 1934, puis à Ankara de 1939 à 1944.

Ambassadeur en Autriche

Après la nuit des Longs Couteaux, il accepte de devenir le nouvel ambassadeur allemand en Autriche. Le chancelier Dollfuss venait alors juste d'être assassiné dans un coup d'État raté des nazis autrichiens. Il fit jouer ses relations catholiques et diplomatiques pour renouer des contacts avec le cabinet de Kurt Schuschnigg mais il est rappelé par Hitler le 4 février 1938 lors de la préparation de l'Anschluss. Il arrange néanmoins la venue de Schuschnigg à Berchtesgaden pour le 12 février 1938. Il s’agissait de la présentation de l'ultimatum à l'Autriche de céder aux pressions allemandes ; cette immixtion dans la politique intérieure de l'Autriche ouvrit la voie à l'Anschluss le 13 mars 1938. De nouveau, un de ses proches collaborateurs, Wilhelm Freiherr von Ketteler, fut assassiné lors de l'annexion de l'Autriche.

Dans son livre L’orage approche, Winston Churchill raconte que Hitler nomma Franz von Papen ambassadeur à Vienne pour « miner la position des personnalités marquantes de la politique autrichienne, ou les gagner à la cause allemande ». Churchill cite l’ambassadeur américain à Vienne, qui aurait dit : « De la façon la plus impudente et la plus cynique, […] Papen précisa […] qu’il avait l’intention de jouer sur sa réputation de bon catholique pour influencer certains Autrichiens comme le cardinal Innitzer ». Après l’Anschluss, le cardinal Innitzer ordonne que toutes les églises d’Autriche arborent le drapeau à croix gammée, fassent sonner les cloches et prient pour Adolf Hitler à l'occasion de son anniversaire.

Ambassadeur en Turquie

Pendant la guerre il est réaffecté comme ambassadeur d'Allemagne en Turquie de 1939 à 1944. En tant qu'ambassadeur du Troisième Reich à Ankara de 1939 à 1944, il parvient, grâce à l'espion « Ciceron », Elyesa Bazna (valet de chambre de l'ambassadeur britannique à Ankara), à obtenir des informations clés concernant les Alliés, comme les comptes rendus des conférences entre Américains, Soviétiques et Britanniques. Il signe par ailleurs un pacte de non-agression avec la Turquie le 18 juin 1941.

Franz von Papen
Après-guerre

Il est capturé avec son fils Franz par le 550e bataillon aéroporté, amené en camp de prisonniers pour être l'un des accusés du procès de Nuremberg. Il fut relâché bien que la cour admît qu'il avait commis un nombre d'immoralités politiques qui n'étaient pas condamnables. Il fut néanmoins condamné à huit années de travaux forcés par un tribunal de dénazification de l'Allemagne de l'Ouest ; il finit par être acquitté en appel, en 1949 .

Ayant failli dans sa tentative de revenir sur la scène politique en 1950, il se retire en son château de Benzenhofen. Il y écrit un grand nombre d'ouvrages où il justifie ses actes pendant les années 1930-1933, soutenant le plan Schuman et un rapprochement avec l'Europe de l'Ouest. Il meurt à Obersasbach, le 2 mai 1969. Son épouse est morte en 1961 à l'âge de 80 ans.

Papen et l'Église catholique

Ce catholique politique est l’ami personnel de plusieurs papes. Il rencontre Ambrogio Ratti, le futur Pie XI, pendant la république de Weimar. Par le relais du nonce Pacelli - futur pape Pie XII - il est un relais diplomatique en Prusse de la politique concordataire du Vatican. Pie XI le décore ou l'honore : il reçoit le titre honorifique de « chambellan du Pape », est fait chevalier de l'ordre souverain de Malte et Grand croix de l'ordre de Pie IX. C'est lui qui négocie avec Pacelli, devenu Secrétaire d'État, le concordat avec l'Allemagne qu'il signe à Rome en 1933.

Mais les relations avec la papauté deviennent plus tendues avec les violations répétées du concordat par le régime nazi, d'autant que Papen joue un rôle important dans le ralliement du primat d'Autriche à l'Anschluss en 1938, que Pacelli et Pie XI déplorent. Pie XII ayant accédé à la papauté en 1939 ne le reconduit pas au titre de chambellan. Une fois écarté à l'ambassade de Turquie, il y côtoie Angelo Roncalli, le futur Jean XXIII. Ce dernier témoignera en sa faveur au procès de Nuremberg, ce qui a pu jouer un rôle dans son acquittement. Dans le contexte de l'après-guerre, Papen symbolise les personnalités catholiques « dénazifiées » de l'Allemagne de l'Ouest et Jean XXIII en fait à nouveau un chambellan du Pape.

Historiographie

Dans son ouvrage historique Le IIIe Reich — Des origines à la chute, William L. Shirer écrit que Papen a été « plus responsable de l’avènement de Hitler que tout autre Allemand ». En janvier 1933, l’ancien chancelier allemand Kurt von Schleicher dit au sujet de Papen : « C’est le genre de traître à côté de qui Judas Iscariote fait figure de saint ». Cette opinion, sur le rôle prépondérant de Papen dans l'avènement politique du nazisme, est partagée par Joachim C. Fest (1926-2006), journaliste et célèbre historien allemand, notamment dans son ouvrage référence Les Maîtres du IIIe Reich. 

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