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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Noriega Manuel

Manuel Antonio Noriega, né le 11 février 1934 (la date de naissance officielle n'est cependant toujours pas confirmée — les dates avancées restent le mois de janvier, de l'année 1934, 1936 ou 1938)1 et mort incarcéré dans son pays le 29 mai 2017, est un militaire et homme d'État panaméen. Général, il est chef des forces armées panaméennes de 1983 à 1989. Durant cette période, il exerça de facto le pouvoir dans le pays, sans avoir constitutionnellement le titre de chef de l'État. Détenu aux États-Unis pour trafic de drogue et blanchiment, il a été condamné au Panama par contumace pour meurtres. 

Noriega Manuel
Naissance et débuts

Originaire d'un quartier pauvre de Panama, il y reste jusqu'à ses années universitaires avant de partir dans une école militaire située au Pérou. Il a également reçu une formation de renseignement et de contre-espionnage à l'École militaire des Amériques à la base militaire américaine de fort Gulick au Panama, en 1967, ainsi qu'un cours spécialisé dans les opérations psychologiques (psyops) à fort Bragg (Caroline du Nord). Il est recruté par la CIA en 1967 pour laquelle il travaillera jusque dans les années 1980. Il accède au grade de sous-lieutenant de la garde nationale panaméenne à son retour.

Homme de la CIA et personnalité de plus en plus incontournable

Le dirigeant du Panama Omar Torrijos meurt dans un accident d'avion en 1981, et Noriega, alors chef des services de renseignement, tire vite profit des luttes de pouvoir qui en résultent. Nommé à la tête de l'armée en 1983, il représente de 1983 à 1989 une personnalité incontournable pour tous les présidents panaméens successivement au pouvoir. Il permet aux États-Unis de créer des postes d'écoutes au Panama et facilite les livraisons d'armes aux Contras, des paramilitaires anticommunistes au Nicaragua. L'administration Reagan intervient pour empêcher le Congrès d’enquêter sur des allégations portant sur l'assassinat d'un opposant. 

Opposition des États-Unis

En 1987, Manuel Noriega est l'homme fort du Panama, dont il est dirigeant de fait. Il bénéficie du soutien des États-Unis et de bien d'autres pays. Il est ainsi fait commandeur de la Légion d'honneur par François Mitterrand le 22 janvier 1987, sur proposition du ministère des Affaires étrangères du gouvernement Chirac. Au-delà de ce rôle public de quasi chef d'État, il est agent double de la CIA et des services cubains, tout en relayant le trafic de la cocaïne colombienne. Pourtant, officiellement, les États-Unis saluent les efforts des autorités panaméennes dans la lutte contre le trafic de drogue. Il est lâché par les États-Unis en 1987 et une cour américaine l'accuse de trafic de drogue et de racket en 1988. Le sous-comité du Sénat américain sur le terrorisme, les stupéfiants et les opérations internationales conclut alors que « la saga au Panama du général Manuel Antonio Noriega représente l'un des échecs les plus graves de la politique étrangère des États-Unis… 

Il est clair que chaque agence gouvernementale américaine qui avait une relation avec Noriega a fermé les yeux à sa corruption et au trafic de drogue, alors même qu'il était en train de devenir un acteur clé au nom du cartel de Medellin (dont un des membres était le notoire Pablo Escobar). « Noriega a été autorisé à établir la première narcokleptocratie de l'hémisphère ». À cela s'ajoute de manière moins officielle son rôle de double agent, Noriega étant jugé coupable d'avoir transmis des informations hautement confidentielles à Cuba, d'avoir facilité le transfert de technologies sensibles à des pays du bloc de l'Est et d'avoir vendu des armes aux guerilleros pro-communistes d'Amérique latine et au gouvernement sandiniste dès la fin des années 1970, les services de renseignement militaires américains tentant de l'espionner à partir de 1981, ignorant les activités de la CIA et vice-versa tandis que Noriega lui, tentait d'infiltrer les unités de renseignement américains au Panama. Les relations avec Washington se détériorent encore plus à la suite de l'annulation de l'élection présidentielle de mai 1989 et de l'auto-désignation de Noriega en tant que président. Celui-ci déclara alors « l'état de guerre » envers les États-Unis. 

Invasion de Panama et arrestation

Le président américain George H. W. Bush prit alors pour prétexte l'exécution d'un soldat américain par des soldats panaméens pour ordonner l'invasion de Panama le 20 décembre 1989, dans le cadre de l'opération Just Cause. Les pertes militaires des deux côtés furent minimes, mais elles entraînèrent plusieurs centaines de morts civiles et l'exode d'au moins 20 000 personnes. Après enquête, la Commission pour la défense des droits de l'homme en Amérique centrale estime entre 2 500 et 3 000 le nombre de civils tués, tandis que la Commission pour la défense des droits de l'homme au Panama estime ce nombre à au moins 3 500. Les États-Unis collectèrent des informations décisives pour traquer Manuel Noriega par l'intermédiaire de l'entreprise Crypto AG à laquelle le Panama s'en était remis pour ses communications confidentielles. Réfugié dans la nonciature de Panama, Manuel Noriega se rendit le 3 janvier 1990 après un siège de plusieurs jours sous le vacarme assourdissant de musique rock. Le 29 décembre 1989, par 75 voix contre 20 et 40 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU condamna l'invasion du Panama. 

Poursuites judiciaires

Peu avant le procès de Manuel Noriega, incarcéré aux États-Unis, le Département de la Justice a conclu un accord secret avec le Cartel de Cali. Si les « narcos » apportent des témoignages accablant Noriega, une remise de peine sera accordée à Luis Santacruz Echeverri, frère d’un des chefs du cartel, qui purgeait alors une peine de vingt-trois ans d’emprisonnement. Pendant son procès, Noriega affirma que sa collaboration avec la CIA lui avait rapporté 10 millions de dollars. Il demanda à pouvoir révéler les tâches qu’il avait effectuées pour les États-Unis, mais les autorités judiciaires lui imposèrent le silence, affirmant que « l’information sur le contenu des opérations secrètes dans lesquelles Noriega a été engagé en échange de versements présumés est sans rapport avec sa défense » et pourrait « confondre le jury ». Manuel Noriega fut condamné en 1992 à quarante ans de prison ferme. Sa peine fut ensuite ramenée à trente ans, puis réduite à dix-sept ans pour bonne conduite. 

Il vivait jusqu'en avril 2010 (avant son extradition en France) dans une prison de Floride, où il se convertit à l'évangélisme Born again en 1992. Il aurait dû être libéré le 9 septembre 2007, mais son extradition a été réclamée par le Panama et la France, où une enquête pour trafic de drogue était ouverte depuis 1989. Son procès a donné lieu à un certain nombre d'interrogations concernant l'importance des liens entre Manuel Noriega et la CIA alors que les documents du gouvernement américain soumis à la cour de Miami en audiences préliminaires en 1991-92 confirmaient que Manuel Noriega a été payé (au moins) 320 000 $ par le gouvernement américain pour services rendus, ainsi que ses liens avec quelques figures clés de l'administration Reagan et Bush, ayant permis la fourniture d'armes aux rebelles Contras au Nicaragua payées avec les bénéfices de la vente de drogue du cartel de Medellin16. La plupart de ces questions n'a pas encore reçu de réponses précises. La fortune de Manuel Noriega a été évaluée à près de 60 millions d'euros par les autorités américaines, lors de son procès à Tampa en 1992. 

Noriega Manuel
Détention en France

Manuel Noriega est condamné par contumace en France en 1999 à dix ans d'emprisonnement pour blanchiment d'argent et à une amende de 75 millions de francs français de l'époque à la suite d'un ordre d'extradition signé le 17 juillet 2007 ; il est également condamné au Panama à deux peines de vingt ans de prison pour le meurtre de deux opposants politiques : Hugo Spadafora, en 1985, et le commandant Moises Giroldi, en 1989. Alertée, en 1989, par les services américains qui enquêtaient sur le recyclage de l'argent de la drogue, la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) avait signalé à la justice le fonctionnement de comptes bancaires ouverts en France par Manuel Noriega et plusieurs de ses proches. Dès 1986, des sommes importantes ont, en effet, été déposées par le clan Noriega, sa femme, deux de ses filles et les ambassadeurs du Panama en France et en Grande-Bretagne, ainsi que par le consul général de Panama à Marseille sur des comptes ouverts à la BNP, au CIC, au Crédit lyonnais et au Banco do Brasil. À Marseille, sa fille Sandra exerçait les fonctions de consul général de Panama.

Un juge a gelé tous les avoirs de l'ancien dictateur, soit plusieurs dizaines de millions de francs, et a découvert que la famille Noriega avait également investi dans l'achat de trois appartements dans les quartiers chics de Paris : quai d'Orsay pour environ 15 millions de francs, quai de Grenelle et rue de l'Université. Déposées sur un compte panaméen de la Bank of Credit and Commerce International, les sommes versées à Manuel Noriega par les chefs du cartel de Cali transitaient ensuite par Londres et Paris pour être, enfin, réparties au Luxembourg, en Suisse et en Autriche. Le mandat d'arrêt international lancé, le 8 novembre 1996 par le juge Fiévet contre l'épouse de l'ancien dictateur, suspectée d'avoir participé au blanchiment de l'argent, est toujours en cours. Il a été extradé le 26 avril 2010 vers la France. Noriega est alors incarcéré à la prison de la Santé, à Paris. Le 7 juillet 2010, il est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une peine de 10 ans de prison et une amende de 75 millions de francs pour blanchiment d'argent issu de la drogue, ses avocats Maître Olivier Metzner et Maître Yves Leberquier, insistant sur l'aspect politique de ce procès, sur l'immunité de son client à l'époque des faits par ailleurs prescrits, à son passé d'agent rémunéré par la CIA, assortie de la confiscation de 2,3 millions d'euros, plus un million d'euros de réparations à l'État du Panama, partie civile. Il était libérable en 2011. 

Extradition puis emprisonnement au Panama et mort

Le 2 août 2011, un décret d'extradition vers le Panama a été notifié à Manuel Noriega par les autorités françaises24. Il est extradé par la France à destination de son pays le 11 décembre 2011. Il y est immédiatement emprisonné dans le cadre d'accusations de violation des droits de l'homme. En 2017, les autorités panaméennes l’autorisent à se faire hospitaliser pour se faire opérer d’une tumeur du cerveau ; à la suite de cette opération, il doit subir une trachéotomie et tombe dans le coma. Noriega meurt sans avoir repris connaissance dans la nuit du 29 au 30 mai 2017. Noriega fait une apparition dans deux missions du jeu Call of Duty: Black Ops II , dans lequel il collabore un premier temps avec la CIA pour capturer un trafiquant d'armes et de drogues nicaraguayen, et un deuxième où il trahit les États-Unis. Manuel Noriega est surnommé au Panama Cara de piña « Face d'ananas » du fait de la peau de son visage fortement grêlée. 

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