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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Marjolin Robert

Marjolin RobertRobert Marjolin, né à Paris le 27 juillet 1911 et mort le 15 avril 1986, est un haut fonctionnaire, universitaire et homme politique qui a eu de hautes responsabilités dans le domaine économique tant en France qu'en Europe. Issu d'une famille modeste, il a travaillé dès l'âge de 14 ans. Pendant cinq ans, il travaille à divers postes chez un coulissier, sorte d'agent de change informel traitant des valeurs non cotées officiellement. Vers 19 ans, il reprend ses études grâce à Georges Bourgin, directeur adjoint des Archives nationales. En effet Marjolin n'a pas le bac mais il va obtenir un diplôme qui sert d'équivalence. Bourgin lui fait écrire une thèse à partir d'archives inédites sur les famines consécutives à la chute de Napoléon. Cette thèse débouche sur le diplôme de l'Ecole pratique des hautes études qui ouvre l'accès aux études supérieures à Robert Marjolin.

Il s'inscrit en philosophie. En juin 1931 il impressionne lors de l'examen le philosophe Célestin Bouglé qui s’intéresse à lui et décide dès le lendemain de l'envoyer en juillet 1931 à Londres, puis grâce à une bourse Rockefeller, à Yale, où il passera une année, de 1932 à 1933. À son retour, il rédige pour Bouglé, qui s’intéresse au syndicalisme, un document intitulé L’évolution du syndicalisme aux États-Unis. Après la guerre, il obtiendra l'agrégation en sciences économiques. En 1929, Robert Marjolin s'était investi dans des mouvements socialistes. Dans les années 1930, il fait partie du groupe Révolution constructive, un groupe influencé par les idées planistes de de Man. Il quitte rapidement ce groupe, en même temps que Claude Lévi-Strauss (le futur anthropologue) et que Pierre Dreyfus (le futur PDG de Renault), car il se méfie du planisme.

Il est proche de personnalités variées : il côtoie aussi bien l'économiste libéral Charles Rist que l'homme politique socialiste Léon Blum. Ce dernier lui fait tenir à partir de 1934 la rubrique économique de son journal Le Populaire. Il est influencé par Élie Halévy et Célestin Bouglé. Au centre de documentation sociale créé par ce dernier à l'ENS, il rencontre Raymond Aron, Georges Friedmann, Raymond Polin, Jean Stoetzel. Tout comme son ami Raymond Aron, il est en 1936 très favorable au Front populaire. Il entre d'ailleurs à Matignon en tant que chargé de mission de Blum. Deux graves désaccords conduiront à son éloignement : d'une part le gouvernement n'engage pas la France auprès des Républicains espagnols, et d'autre part la gestion économique lui paraît aberrante. En effet la volonté de pousser à l'expansion économique est contrariée par la réduction du temps de travail à quarante heures qui annihile la possibilité matérielle d'accroissement de la productivité, ce alors même qu'une nouvelle guerre s'annonce et que l'urgence commande dès lors d'accroître la production au maximum. La dénonciation des 40 heures sera une constante de Marjolin y compris pendant la guerre, depuis Londres et Washington, et encore après lors de la création des plans de reconstruction.

En 1945, Robert Marjolin devient l’adjoint de Jean Monnet au plan. Dans ses mémoires, il précise que, pour lui, la planification ne signifiait ni dirigisme ni socialisme en ce sens que le plan ne doit pas être une fin en soi mais s'impose comme mode d'action lorsque le marché est neutralisé. Pro-européen, ami de Raymond Aron, il est, en 1938 au moment du colloque Walter Lippmann, membre de l’Association des amis d’Élie Halévy et travaille à l’ l’I.S.R.E.S (Institut scientifique de recherches économiques et sociales) dirigé par Charles Rist. Il est également en contact avec Lionel Robbins de la L.S.E (London School of Economics) qu’il verra souvent au Reform Club pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque Jean Monnet, en 1943, est chargé par Charles de Gaulle de préparer le ravitaillement de la France, il le rejoint à Washington.

À la fin de la guerre, Robert Marjolin recrute Alexandre Kojève à la Direction de la recherche et des études économiques (DREE). En 1945, il est l’adjoint de Jean Monnet au plan, avant de devenir secrétaire général de l’OECE (Organisation européenne de coopération économique) de 1948 jusqu’au début 1955. Il travaille ensuite au cabinet du socialiste Christian Pineau, ministre des affaires étrangères, et enseigne l'économie à l'université de Nancy. Entre 1958 et 1967, il est commissaire européen, vice-président de la CEE chargé de l’économie et des finances. En 1962, avec Robert Triffin, économiste belgo-américain membre d’un think tank alors influent, le Conseil des relations étrangères (CFR) de New York, et conseiller économique du Comité d’action pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet, il élabore un programme d'action pour le deuxième étage de la Communauté économique européenne. Ce programme se proposait de réformer le traité de Rome dans le sens d'interprétation maximaliste de l'article 108, ouvrant la voie à la réalisation d'une Union économique et monétaire. Il est membre du Conseil d'administration de la Royal Dutch Shell. En 1984, il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques au fauteuil de Edmond Giscard d'Estaing.

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