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Revue de presse de l'Histoire - La Seconde guerre mondiale le cinéma les acteurs et les actrices de l'époque - les périodes de conflits mondiales viètnamm corée indochine algérie, journalistes, et acteurs des médias

Lyautey Hubert

Hubert Lyautey, né le 17 novembre 1854 à Nancy et mort le 27 juillet 1934 à Thorey, est un militaire français, officier pendant les guerres coloniales, premier résident général du protectorat français au Maroc en 1912, ministre de la Guerre lors de la Première Guerre mondiale, puis maréchal de France en 1921, académicien et président d'honneur des trois fédérations des Scouts de France. Il a épousé le 14 octobre 1909 Inès de Bourgoing à Paris. Sa devise, attribuée au poète anglais Percy Bysshe Shelley, mais en fait tirée de William Shakespeare, est restée célèbre : « La joie de l'âme est dans l'action. » 

Lyautey Hubert
Carrière

Une vocation coloniale

Issu d'une famille de tradition militaire, victime à deux ans d'un accident qui le forcera à conserver un corset d'acier jusqu'à l'âge de douze ans, il entre à Saint-Cyr en 1873, passe à l'École d'application d'état-major, puis est versé dans la cavalerie. En 1880, il est affecté en Algérie. Il parcourt une grande partie du pays à cheval, puis, en raison de ses connaissances de la langue arabe, il est envoyé dans le Sud oranais. Il commande ensuite un escadron du 4e chasseurs à cheval à Saint-Germain-en-Laye. En 1891, il pubie dans la Revue des deux mondes une étude Du rôle social de l'officier dans le service militaire universel, très critique envers l'armée, qui fait scandale. Nommé commandant, il est envoyé en Indochine en 1894. Remarqué par le colonel Gallieni, il devient son chef d'état-major et participe en sa compagnie aux expéditions du haut Tonkin. 

En 1897, Gallieni, gouverneur général de Madagascar, lui confie la pacification et l'organisation du nord-ouest, puis du sud de l'île (1897-1902). Colonel en 1900, Lyautey rentre en France en 1902. Appelé en 1903 par le gouverneur d'Algérie Charles Jonnart, il est promu au commandement de la subdivision d'Aïn Sefra, dans les confins algéro-marocains, et nommé général. Il soumet le Bechar, le haut Guir et le glacis oriental de la Mouloudja. Commandant de la division d'Oran en 1906, il occupe Oujda en 1907. De décembre 1907 à février 1908, il réprime le soulèvement des Beni Snassen. Nommé haut-commissaire des confins algéro-marocains, il parvient à assurer la paix sur l'ensemble de la région. À la fin de 1910, il reçoit le commandement du 10e corps d'armée à Rennes.

Résident général au Maroc

Après les sanglants événements survenus à Fès en 1912, Lyautey est rappelé au Maroc avec le titre de résident général. Il réprime les soulèvements qui secouent le pays et pose les jalons de son œuvre dans le protectorat. En 1914, la déclaration de guerre fait passer le Maroc au second plan et contraint Lyautey à envoyer en métropole la quasi-totalité de ses effectifs ainsi que main-d'œuvre et ravitaillement. Il réussit pourtant, avec les forces qui lui restent, à maintenir intacte l'armature extérieure du Maroc, à tenir en respect les tribus en dissidence et à faire échec aux menées des agents de l'Allemagne. Parallèlement, il poursuit son œuvre politique, économique et sociale. Lyautey assume les fonctions de ministre de la Guerre (décembre 1916-mars 1917) dans le cabinet Briand puis rentre au Maroc, où il est fait maréchal de France (1921). Il s'y distingue par sa « politique des égards » avec le sultan Mulay Yusuf et les dignitaires marocains, par le respect du souverain, du gouvernement, des institutions traditionnelles et de la religion musulmane.

Un certain humanisme militaire et colonial

Devenu la cible de l'hostilité du Cartel des gauches (cabinet Painlevé), il demande, en pleine guerre du Rif, à être relevé de ses fonctions à la suite de la mission de contrôle du maréchal Pétain, qui fait un usage massif de la violence. Retiré à Thorey en Lorraine, il est chargé, en tant que commissaire général, d'organiser, de 1927 à 1931, l'Exposition coloniale internationale de Vincennes. Fidèle à sa légende, il se fait inhumer à Rabat ; en 1961, son corps a été transféré aux Invalides. Aristocrate, passionné par le Maroc, Lyautey a été le promoteur d'un humanisme militaire et colonial fondé sur le respect de l'individu et des civilisations d'outre-mer. Lyautey est l'auteur de nombre d'études, de lettres, de documents, et de plusieurs rapports et ouvrages, parmi lesquels Lettres du Tonkin et de Madagascar (1894-1899) [1931], Dans le sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique (1903), Lettres du sud de Madagascar (1900-1902) [1935]. (Académie française, 1912.)

Vie privée

Selon les historiens

En 1907, ayant dépassé la cinquantaine, le général Lyautey fait la connaissance d'Inès de Bourgoing qu'il épouse deux ans plus tard, le 14 octobre 1909, à Paris. Celle qu'on appellera « la maréchale Lyautey », issue d'une vieille famille du Nivernais, avait épousé en premières noces à 18 ans le capitaine d'artillerie Joseph Fortoul, mais celui-ci avait mis fin à ses jours en 1900. Faisant preuve d'un grand dévouement, elle œuvra de concert avec son mari, qui disait d'elle qu'elle était « son meilleur collaborateur ». Si l'homosexualité de Lyautey semble avérée, certains auteurs parlent plutôt d'une « sensualité homophile » et nombre de ses biographes esquivent cet aspect de sa personnalité afin, selon Arnaud Teyssier, de ne pas entacher sa réputation. Ce n'est qu'à partir des années 1970 qu'il est fait mention d'une inclination qui se retrouve dans les écrits de l'officier, dans différents ouvrages français sur l'homosexualité. L'historien militaire Douglas Porch souligne le paradoxe des fréquentations de ce conservateur, proche de cercles artistiques dont les vues politiques étaient assez éloignées des siennes. Georges Clemenceau aurait dit de lui : « Voilà un homme admirable, courageux, qui a toujours eu des couilles au cul… même quand ce n'étaient pas les siennes ».

Parcours religieux

Gagné dans les années 1880 par un scepticisme religieux qui l'angoisse, le capitaine Lyautey entame un long cheminement spirituel. Le questionnement intense auquel il se soumet ne l'éloigne cependant pas définitivement de l'idée de Dieu et de son admiration pour l'Église, dont il reste culturellement proche et dont il partage la plupart des positions morales, sociales et politiques. Il reste particulièrement lié à son condisciple le docteur Paul Michaux, figure emblématique de l'intelligentsia catholique parisienne et fondateur en 1898 de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France. L'approfondissement se construit pour Lyautey en trois étapes : recherche et questionnement de jeunesse face à son scepticisme naissant (« Je voudrais aimer Dieu, mais je n'arrive pas à le faire par gratitude » - 13 décembre 1875), fascination dans sa vie d'homme pour le Dieu des idées (« Mais l'admiration n'est pas l'amour ») et redécouverte apaisée du Dieu-Amour dans sa vieillesse. 

À côté de Thorey se trouve la « colline inspirée », Sion, lieu de pèlerinage depuis des siècles. Un monastère confié aux missionnaires oblats y existe depuis le milieu du XIXe siècle ; le maréchal le fréquente assidûment et reçoit les frères chez lui. Lyautey achève pleinement sa réconciliation avec l'Église le jeudi saint 1930 (17 avril), lorsque, après s'être confessé, il reçoit la communion du curé de Thorey, source d'une immense joie dont il s'ouvre quelques jours plus tard à son ami Wladimir d'Ormesson et qui ne le quitte plus jusqu'à sa mort. Il redécouvre aussi la foi par le scoutisme et fait la connaissance d'un chef scout en route vers le sacerdoce, le futur père Patrick Heidsieck. Une correspondance naît entre le jeune prêtre qui devait partir pour la Pologne et le vieil officier qui, dès 1930, de par ces échanges, reprend le chemin de l'Église, de la confession et de la prière à genoux tous les soirs. Lyautey brisait ainsi une longue période de traversée du désert religieuse et renouait avec une jeunesse où sa foi était ardente. 

Distinctions

Il est brillamment élu (avec 27 voix) à l'Académie française le 31 octobre 1912 au fauteuil 14. Il ne sera reçu qu'après la guerre, le 8 juillet 1920, accueilli par l'historien moderniste Mgr Louis Duchesne qui prononcera son discours de réception. Il est associé-correspondant de l'académie de Stanislas depuis 1900. À la fondation de l'académie des sciences d'outre-mer en 1923, il y est élu membre titulaire. Le 17 septembre 1913, il est fait grand-croix de la Légion d'honneur, et le 15 septembre 1915, il reçoit la médaille militaire. Parmi ses autres décorations : officier du Mérite agricole, grand cordon de l'Ordre de Léopold de Belgique, officier de l'Ordre du Soleil levant (Japon), chevalier de l'Ordre du Christ (Portugal) et de l'Ordre de Saint-Stanislas de Russie, commandeur de l'Ordre royal du Cambodge, de l'Ordre du Dragon d'Annam et de l'Ordre de l'Étoile d'Anjouan. Au Maroc, il a reçu la médaille coloniale avec barrettes, la médaille commémorative du Maroc, l'Ordre du Mérite militaire chérifien et le grand cordon du Ouissam Alaouite. Il est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 février 1921. Le même jour, il reçoitn 24 du prétendant orléaniste au trône de France, Philippe d'Orléans, la plaque de l'ordre du Saint-Espritn 25. L'année suivante, il entre au Conseil supérieur de la guerre. Il est aussi élevé à la dignité de grand-croix de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand (Vatican) en 1930.

  • Médaille militaire

(Nota : la médaille militaire se porte en avant la LH pour les officiers généraux ayant commandé au front, attention selon La Grande Chancellerie aucun texte officiel n'existe et il s'agit d'une simple habitude) ; 

  • Grand-croix de la Légion d'honneur
  • Grand-croix de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand
  • Officier de l'ordre du Mérite maritime
  • Officier de l'ordre du Mérite agricole
  • Grand cordon de l'ordre de Léopold
  • Grand-croix avec collier de l'Ordre de Charles III
  • Officier de l'ordre du Soleil levant
  • Chevalier de l'ordre du Christ
  • Commandeur de l'Ordre Royal du Cambodge
  • Commandeur de l'ordre du Dragon d'Annam
  • Commandeur de l'Étoile royale des Comores
  • Médaille coloniale
  • Grand-cordon de l'Ordre du Ouissam alaouite
  • Ordre du Mérite militaire chérifien
  • Chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas (Russie impériale)

Membre du comité de patronage des Éclaireuses Éclaireurs de France aussitôt après leur fondation (1911), ainsi que de celui des Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France, il se voit offrir la présidence d'honneur des scouts de France en 1929. Le château de Thorey-Lyautey abrite aujourd'hui un musée du scoutisme. En 1926, il devient président du Comité français de propagande aéronautique créé à l'initiative d'André Michelin. Il est nommé en 1927 commissaire général de l'exposition coloniale internationale tenue en 1931 et, à ce titre, fait construire le Palais de la Porte Dorée. Son portrait par Laszlo était accroché dans ce bâtiment. Il devient membre du Jockey Club, le 9 avril 1927, parrainé par le duc de Doudeauville et par le général de Mac Mahon, duc de Magenta.

Publications
  • Le rôle social de l’officier, 1891
  • Du rôle colonial de l'armée, 1900
  • Dans le Sud de Madagascar, pénétration militaire, situation politique et économique, 1903
  • Lettres du Tonkin et de Madagascar : 1894-1899, tome I, 2e édition 1920
  • Paroles d'action : 1900-1926, 1927
  • Lettres du Tonkin , 1928, illustrée par Jean Bouchaud - éditions nationales (Paris)
  • Lettres de jeunesse : 1883-1893, 1931
  • Vers le Maroc : lettres du Sud-Oranais : 1903-1907, posthume, 1937
  • Notes de jeunesse : 1875-1877, dans Rayonnement de Lyautey, posthume, 1947
  • Albert De Mun - Hubert Lyautey : Correspondance (1891-1914), Paris, Société de l'Histoire de France, 2011.
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