Lefebvre Marcel

Publié le par Mémoires de Guerre

Marcel Lefebvre, né le 29 novembre 1905 à Tourcoing (Nord) et mort le 25 mars 1991 à Martigny (Valais), est un homme d'Église français. À partir des années 1960, il est une figure majeure du catholicisme traditionaliste. Archevêque catholique de Dakar et délégué apostolique pour l'Afrique française, il devient en 1962 archevêque-évêque de Tulle, puis supérieur général de la congrégation du Saint-Esprit. Figure emblématique de l'opposition au concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-Pie-X et le séminaire international d'Écône qui lui est rattaché, créés pour « former des séminaristes en vue de la prêtrise », dans le maintien des traditions doctrinales et liturgiques catholiques romaines antérieures au concile. Avec la Fraternité, il œuvre notamment à la conservation de la messe tridentine par opposition à la messe de Vatican II. En 1988, il est excommunié latæ sententiæ pour avoir sacré quatre évêques traditionalistes sans l'aval de Rome. Les excommunications qui pèsent sur ces évêques ordonnés illicitement sont levées en 2009. 

Lefebvre Marcel

Jeunesse

Marcel Lefebvre, né le 29 novembre 1905, est issu d'une famille d'industriels catholiques du Nord, dont cinq enfants sur huit deviennent prêtres ou religieux (dont Marie-Christine du Saint-Esprit, fondatrice du carmel de Quiévrain). Il est le cousin du cardinal Joseph-Charles Lefèbvre. Élève de l’Institution libre du Sacré-Cœur, entré au Séminaire français de Rome le 25 octobre 1923 (ses études lui inspirent une fascination pour les papes), il est ordonné prêtre en 1929 par l'archevêque de Lille, Achille Liénart. Déjà docteur en philosophie, il devint docteur en théologie l'année suivante. Disciple et admirateur de Henri Le Floch, son professeur, il lui reste fidèle bien que celui-ci ait été contraint de quitter son poste de recteur au séminaire français pour ses sympathies maurrassiennes (l'Action française venait d'être condamnée par Pie XI en 1926).

Marcel Lefebvre est très affecté par la condamnation de l'Action française, en laquelle il voyait un combat pour l'ordre chrétien qu'il désirait lui-même. Il déclare ainsi en 1974 : « C'était un mouvement de réaction contre le désordre qu'amenait la franc-maçonnerie dans le pays, en France: une réaction saine, définitive, un retour à l'ordre, à la discipline, retour à la morale, à la morale chrétienne […]. Le fait que le Saint-Père l'ait condamnée fut contraire à l'ordre et coupa les bras à la contre-révolution ». S'il prétend n'avoir jamais lu Maurras ni adhéré à l'Action française, il cite toutefois cet auteur à trois reprises dans l'un de ses ouvrages. Après un an comme second vicaire de la paroisse ouvrière de Marais-de-Lomme et de son église, Notre-Dame de Lourdes, à Lomme (la paroisse actuelle Saint-Benoît-des-Marais étant sa continuité), il entre au noviciat de la congrégation du Saint-Esprit (congrégation missionnaire dont les membres sont plus connus sous le nom de spiritains). Il fait profession religieuse en septembre 1932. 

Missionnaire

Il devient missionnaire au Gabon. Il s'y implique dans des postes de brousse et dirige le séminaire. Lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, il est encore mobilisable et est affecté à la colonie. Le nord de la France est rattaché administrativement à la Belgique occupée. Son père, René Lefebvre, né le 23 février 1879 à Tourcoing, membre d'un réseau de résistance, est jugé à Berlin et par deux fois condamnés à mort le 28 mai 1942 pour « intelligence avec l'ennemi » et « recrutement de jeunes gens pouvant porter les armes contre le Grand Reich allemand ». Il meurt le 4 mars 1944 d'une hémiplégie, à la suite des coups donnés par son gardien au camp de Sonnenburg. Il est décoré de la médaille militaire à titre posthume, le 16 juillet 1953. Marcel Lefebvre est rappelé en France en 1945 et nommé supérieur du scolasticat des spiritains à Mortain. Selon son biographe Bernard Tissier de Mallerais, il s'y emploie « à corriger les idées fausses et détruire les utopies malsaines qui se répandaient dans le clergé. La libération, en condamnant le régime de Vichy, avait réprouvé le mouvement spontané de restauration d'un ordre social chrétien approuvé par le Maréchal, et elle ramenait tout ce que ce dernier avait éliminé en France ».

En 1947, il retourne en Afrique comme évêque et vicaire apostolique de Dakar (le Sénégal compte alors 54 000 catholiques sur 1,7 million d'habitants), où il fonde l'année suivante le Cours Sainte-Marie de Hann, établissement privé ambitieux destiné à accueillir des élèves venus de toute l'AOF. Le pape Pie XII lui confère la charge de délégué apostolique pour l'Afrique francophone (plus de 40 diocèses), avec la mission d'y africaniser l'Église. Pour cela, Levèbvre crée des séminaires et confie des responsabilités au clergé local ; il doit aussi rechercher les ecclésiastiques aptes à devenir évêques ; il est remplacé à cette charge le 9 juillet 1959 par Jean-Marie Maury, premier archevêque de Dakar depuis 1955. À la demande du président sénégalais, Léopold Senghor, Jean XXIII le retire de Dakar où il est remplacé en janvier 1962 par Hyacinthe Thiandoum qu'il avait ordonné prêtre en 1949. Commence alors une période moins connue de la vie de Marcel Lefebvre. Nommé évêque de Tulle (succédant à Amable Chassaigne) tout en restant archevêque à titre personnel, il est la même année, et dans des conditions très tendues, élu supérieur général des missionnaires spiritains. Il renonce alors au diocèse de Tulle et est nommé par Rome en août 1962, archevêque in partibus de Synnada en Phrygie. 

Participation à Vatican II

C'est à titre d'archevêque titulaire, et supérieur général religieux qu'il participe au concile Vatican II. Au sein de la commission préparatoire, il fait de sérieuses critiques contre le schéma sur la liturgie. En séance plénière, cependant, il n'intervient qu'une seule fois : contre la collégialité (notamment les pouvoirs accordés aux conférences épiscopales en matière liturgique). Le 4 décembre 1963, au vote final sur la constitution Sacrosanctum Concilium (sur la liturgie), il vote avec la majorité qui est très largement en faveur du document. Il tente, en vain, d'introduire la condamnation expresse du communisme dans la constitution Gaudium et Spes sur l'activité pastorale de l'Église. Mais c'est surtout lors des débats sur la liberté religieuse qu'il se fait remarquer. Il rejoint le groupe informel Cœtus Internationalis Patrum. Ce groupe de travail critique notamment les textes proposés à l'assemblée des évêques sur la liberté religieuse, les jugeant non conformes à la Tradition de l'Église. Après de longs débats, le texte de Dignitatis Humanæ est cependant adopté par 2 308 voix contre 70. 

Durant le concile, au sein du Coetus, il cherche à faire entendre la voix traditionaliste. Il a notamment voté contre la déclaration Dignitatis Humanæ sur la liberté religieuse, mais a apposé sa signature sur le document final, alors même que d'autres prélats présents ne le faisaient pas. Il a cependant nié avoir approuvé la déclaration Dignitatis Humanæ par cette signature, expliquant qu'elle signifiait simplement sa « présence à cette séance de votes pour quatre documents ». En octobre 1965, juste avant le vote de la déclaration Nostra Aetate sur les religions non chrétiennes, il signe avec deux autres évêques une circulaire du Coetus Internationalis Patrum demandant le maintien dans la doctrine de l'Eglise de la « responsabilité collective » des juifs dans la mort du Christ, et de la « réprobation et malédiction de la religion judaïque ». Le texte propose en outre que la condamnation des persécutions antisémites soit limitée aux manifestations dirigées contre les juifs « à cause de leur race ou de leur religion », précisant que « sans cette formule, le Concile émettrait un jugement historique et moral sur des faits qui eurent aussi des causes économiques et sociales ». 

La déclaration Nostra Aetate sera approuvée sans ces modifications par 2288 voix contre 88. Le concile terminé, il aborde la question de l'« aggiornamento » au sein de la congrégation des spiritains. En 1968, à la suite de la modification de la règle établie par leur fondateur, le père François Libermann à laquelle il se refusait, il se démet de sa charge de supérieur général. Peu à peu, d'abord en privé puis ouvertement après la publication du nouveau Missel romain en 1969, il s'associe à la critique des « traditionalistes » à l'encontre du concile Vatican II et des réformes issues de l'« esprit du concile ». Il est un critique de la nouvelle liberté religieuse (pour toutes les religions), du nouvel œcuménisme (sans conversion), de la subsidiarité (consultation constante du pape avec les évêques), de la nouvelle conception de la collégialité et de la réforme générale de la liturgie, et tout particulièrement de la réforme du rite de la messe promulguée par le pape Paul VI qui vient se substituer à la forme tridentine du rite romain, codifié par le pape Pie V. De manière générale, il dénonce la dérive de l'Église vers le modernisme qui privilégie l'Homme tel qu'il fut dénoncé auparavant par les papes Léon XIII, Pie IX (Syllabus) et Pie X (enc. Pascendi). 

La Fraternité Saint-Pie-X

En 1970, à la demande de plusieurs séminaristes français, il fonde à Fribourg (Suisse) la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Les buts de cette fraternité sacerdotale sont « le sacerdoce et tout ce qui s’y rapporte et rien que ce qui le concerne ». L'institution est érigée canoniquement par François Charrière, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg en tant que « pieuse union » pour une durée de 3 ans ad experimentum renouvelables. De son côté, l'évêque de Sion l'autorise à fonder un séminaire à Écône. D'abord relativement discret dans sa critique du concile Vatican II, Marcel Lefebvre en vient à prendre publiquement position. Alors que Rome lui enjoint d'adopter le rite de Paul VI, il publie le 21 novembre 1974 un manifeste résumant ses positions :

« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la Foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité. Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. (…) Aucune autorité, même la plus élevée dans la hiérarchie, ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l'Église catholique depuis dix-neuf siècles. S'il arrivait, dit saint Paul, que nous-mêmes ou un Ange venu du ciel vous enseigne autre chose que ce que je vous ai enseigné, qu'il soit anathème (Gal. 1:8). N'est-ce pas ce que nous répète le Saint-Père aujourd'hui ? Et si une certaine contradiction se manifestait dans ses paroles et ses actes ainsi que dans les actes des dicastères, alors nous choisissons ce qui a toujours été enseigné et nous faisons la sourde oreille aux nouveautés destructrices de l'Église. (…)

Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l'hérésie et aboutit à l'hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d'adopter cette Réforme et de s'y soumettre de quelque manière que ce soit. (…) C'est pourquoi sans aucune rébellion, aucune amertume, aucun ressentiment nous poursuivons notre œuvre de formation sacerdotale sous l'étoile du magistère de toujours, persuadés que nous ne pouvons rendre un service plus grand à la Sainte Église catholique, au Souverain Pontife et aux générations futures. C'est pourquoi nous nous en tenons fermement à tout ce qui a été cru et pratiqué dans la foi, les mœurs, le culte, l'enseignement du catéchisme, la formation du prêtre, l'institution de l'Église, par l'Église de toujours et codifié dans les livres parus avant l'influence moderniste du concile en attendant que la vraie lumière de la Tradition dissipe les ténèbres qui obscurcissent le ciel de la Rome éternelle. »

Le 11 novembre 1974, la Congrégation des séminaires envoie à Écône en Valais (Suisse) un groupe de trois « visiteurs apostoliques » pour examiner le fonctionnement du séminaire, dont Albert Descamps. À la suite du rapport critique des visiteurs apostoliques, une Commission composée de trois cardinaux est constituée et convoque Marcel Lefebvre, le 13 février 1975, pour clarifier la situation. Face aux préfets des Études, du Clergé et des Religieux, il maintient ses critiques de l'« Église conciliaire ». En conséquence, le 6 mai 1975, Pierre Mamie, l'évêque de Fribourg, retire son autorisation à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.  Malgré cela, Lefebvre décide de continuer son action de formation de prêtres, et, en juin 1976, il ordonne treize prêtres sans lettres dimissoires. Le 22 juillet 1976, le pape Paul VI frappe Marcel Lefebvre d'une suspense a divinis, pour ordinations sans lettres dimissoriales et la Fraternité est dissoute.

En réponse, dans un entretien au Figaro, il décrit Vatican II comme « un concile schismatique » et s'interroge publiquement sur la légitimité du pape Paul VI. Et le 29 août, il célèbre la « messe de Lille » au cours de laquelle il déclarera qu'« on ne peut dialoguer ni avec les francs-maçons, ni avec les communistes, car on ne dialogue pas avec le diable ! ». Il ajoutera : « Je veux qu'à l'heure de ma mort, lorsque Notre-Seigneur me demandera : "qu'as tu fait de ton épiscopat, qu'as tu fait de ta grâce épiscopale et sacerdotale ?" je ne puisse pas entendre de la bouche du Seigneur : "tu as contribué à détruire l'Église avec les autres" ». Le 27 février 1977, des fidèles traditionalistes, menés par François Ducaud-Bourget, soutenant la forme tridentine du rite romain, occupent par la force l'église parisienne Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Malgré les tensions entre Marcel Lefebvre et le Saint-Siège, les relations ne sont jamais rompues et nombre de courriers sont échangés afin de trouver une solution apaisée. « Puisque Rome se réclame du pluralisme, qu'elle reconnaisse à notre communauté le droit à l'existence et mette des lieux de culte à notre disposition », déclare-t-il lors d'un déjeuner du Cercle lausannois de la presse, ajoutant qu'Écône peut compter à l'étranger sur l'appui d'au moins trois évêques : Arrigo Pintonello, recteur des séminaires régionaux pour les provinces de Rome et de Naples, et les deux prélats brésiliens Geraldo de Proença Sigaud et Antônio de Castro Mayer. Si Antònio de Castro Mayer (1904-1991), évêque de Campos, sera à ses côtés lors du sacre des évêques effectué le 30 juin 1988 à Écône, Geraldo de Proença Sigaud, archevêque de Diamantina, introduira dans son diocèse le nouvel « Ordo missæ » du pape Paul VI et se distanciera de Marcel Lefebvre. 

Lefebvre Marcel

La rupture

Le conflit entre le prélat et Rome s'exacerbe en 1986. En effet en cette année-là, le pape Jean-Paul II organise à Assise, une rencontre inter-religieuse où les représentants de toutes les religions sont invités à une journée de prière pour la paix. Le pape prend soin d'écarter toute idée de syncrétisme dans son adresse d'accueil, et insiste sur l'idée de « se retrouver ensemble pour prier, mais non pas prier ensemble ». Marcel Lefebvre juge ces pratiques incompatibles avec la tradition de l'Église et contraires au premier commandement de Dieu : « un seul Dieu tu adoreras ! … Je suis un Dieu jaloux ». Il envoie au pape une image avec le texte du psaume 95 de la Vulgate des Écritures saintes (psaume 96 dans d'autres versions): « Les dieux des gentils sont des démons ». Il considère que Rome ne veut pas faire l'« expérience de la Tradition » et décide en conséquence de sacrer des évêques, avec ou sans l'approbation de Rome, « pour faire survivre la Tradition de l'Église ». 

Pourtant ni le fondateur de la FSSPX ni le pape Jean-Paul II ne veulent une rupture et tentent de maintenir le dialogue. En 1987, le pape nomme le cardinal Gagnon comme médiateur. Celui-ci rend visite à de nombreuses maisons de la Fraternité Saint Pie X ; il conclut sa tournée sur des propos très louangeurs et remet au pape Jean-Paul II un rapport sur ces visites. Un accord est signé le 5 mai 1988 par le cardinal Ratzinger et Marcel Lefebvre, approuvant notamment le principe de la nomination d'un évêque pour que l'œuvre de la Fraternité se maintienne. Mais la tentative de réconciliation échoue et le lendemain, celui-ci rétracte sa signature. Le 30 juin 1988, Marcel Lefebvre, assisté de Antônio de Castro Mayer, sacre évêques Bernard Fellay, Bernard Tissier de Mallerais, Richard Williamson et Alfonso de Galarreta contre la volonté du pape solennellement réaffirmée treize jours auparavant, ce qui provoque le premier schisme au sein du catholicisme depuis 1870, consécutif au Ier concile du Vatican. Le lendemain, le cardinal Gantin, préfet de la Congrégation des évêques, déclare les quatre nouveaux évêques, ainsi que Marcel Lefebvre et son cocélébrant, excommuniés latæ sententiæ au titre des canons 1364-1 et 1382 du Code de droit canonique. 

Certains proches de Marcel Lefebvre et de sa Fraternité refusent le terme de schisme en citant le père Jone O.M.Cap qui écrit en 1934 : « Est schismatique celui qui, par principe, ne veut pas être soumis au pape… mais n'est pas schismatique celui qui refuse simplement d'obéir au pape, alors même que ce serait pendant longtemps. » ou encore en citant cette belle prose de saint Augustin « 11. Souvent aussi la divine providence permet que, victimes des agitations séditieuses excitées par les hommes sensuels, des justes même soient exclus de l'assemblée des chrétiens. S'ils endurent patiemment ces outrages et ces injustices, sans vouloir troubler la paix de l'Église par les nouveautés du schisme ou de l'hérésie, ils montrent à tous avec quel dévouement véritable, quel amour sincère l'homme doit servir son Dieu. Ces chrétiens dévoués ont dessein de rentrer au port, quand le calme aura succédé à la tempête. S'ils ne le peuvent, soit parce que l'orage continue à gronder, soit parce qu'ils craignent que leur retour n'entretienne la tempête ou n'en excite de plus terrible, ils préfèrent pourvoir au salut des agitateurs qui les ont chassés: et sans réunir des assemblées secrètes, ils soutiennent jusqu'à la mort et confirment par leur témoignage la foi qu'ils savent prêchée dans l'Église catholique. 

Celui qui voit leurs secrets combats sait en secret couronner leur victoire. Cette situation semble rare dans l'Église, mais elle n'est pas sans exemple, elle se présente même plus fréquemment qu'on ne pourrait le croire. Ainsi tous les hommes et toutes leurs actions servent à l'accomplissement des desseins de la divine providence pour la sanctification des âmes et l'édification du peuple de Dieu. » (De la vraie religion, 6,11). Il est seulement question d'une vive discussion et une désobéissance systématique concernant certains textes du concile Vatican II et de ses réformes. Marcel Lefebvre meurt le 25 mars 1991 ; son corps repose dans la crypte de l’église du séminaire international d'Écône. La translation de sa dépouille a lieu le 24 septembre 2020 dans la crypte de l’église du Séminaire international Saint Pie X, comme annoncé sur le site de la Fraternité Saint-Pie-X à Écône. L'excommunication portant sur les quatre évêques sacrés a été levée le 21 janvier 2009 par décret de la Congrégation des évêques. 

La succession apostolique à la suite des sacres du 30 juin 1988

À ce jour, la succession apostolique (selon le terme reconnu par le Vatican) issue des sacres d'évêques du 30 juin 1988 se compose de 9 évêques, dont 8 sont en vie :

Positions politiques

Sur le plan politique, il soutient des mouvements conservateurs ainsi que certains régimes dictatoriaux se réclamant du catholicisme. Sa pensée contre-révolutionnaire s’inspire de Léon de Poncins, Jacques Ploncard d'Assac et Jean Madiran, trois auteurs connus notamment pour leurs publications antisémites et antimaçonniques. Collaborant à un ouvrage du père Marziac (Précis de doctrine sociale), Lefebvre propose d'ajouter un passage consacré au « mystère d'Israël » : « Israël ayant refusé le vrai Messie, se donnera un autre messianisme, temporel et terrestre : la domination du monde par l'argent, par la franc-maçonnerie, par la Révolution, par la démocratie socialiste. Nous ne devons pas oublier cependant que ce sont des Juifs, disciples du vrai Messie, qui fonderont le vrai Israël, Royaume spirituel, préparant au Royaume céleste. Les visées mondialistes des Juifs se réalisent à notre époque, depuis la fondation de la maçonnerie et de la Révolution qui a décapité l'Église et instauré la démocratie socialiste mondiale. » 

Interrogé sur le général Pinochet, il déclare : « Je ne dis pas que son régime soit parfait, mais du moins trouvons-nous les principes chrétiens pour programme fondamental de son orientation politique. » De même, en 1985, il déclare admirer les régimes qu'ont mis en place Franco et Salazar, saluant notamment le fait que ces deux pays avaient su rester neutres pendant la Seconde Guerre mondiale, épargnant non seulement leur population, mais aussi les Juifs qui y résidaient. Enfin, la même année, il accorde son soutien à Jean-Marie Le Pen, président du Front national, en tant que seul homme politique clairement opposé à l'avortement. L'abbé Guillaume de Tanoüarn livre le témoignage suivant quant à l'apolitisme personnel de Marcel Lefebvre : « Ayant suivi moi-même les conférences spirituelles de Mgr Lefebvre pendant six ans, je peux témoigner qu’il ne connaissait pas l’œuvre de Charles Maurras, quoi que lui reprochent ses adversaires. […] Qui se souvient de sa saillie lors de son Jubilé sacerdotal : « Je ne fais pas de politique, je fais de la bonne politique, cela n’est pas la même chose ». Non, cela n’est pas la même chose. Homme d’Église, engagé dans les réalités terrestre, témoin de la colonisation et de la décolonisation en Afrique, Mgr Lefebvre porte des jugements sur la politique et veut « une bonne politique » parce qu’il sait que, selon le mot de Pie XII, « de la forme d’un État, dépend le salut des âmes ». Mais il n’est pas une seconde le militant d’une cause politique quelconque. »

Condamnation judiciaire

Le 14 novembre 1989, lors d'une conférence de presse à l'hôtel Crillon, Marcel Lefebvre déclare que « le mieux, pour les musulmans, serait qu'ils rentrent chez eux », car ils vont sinon « petit à petit imposer leurs lois. Le droit chrétien ne peut pas concorder avec le droit islamique […]. Les musulmans ne peuvent pas être catholiques, ils ne peuvent pas être vraiment français. Il ne faut pas leur permettre de s'organiser, ni sur le plan politique, ni sur le plan religieux. » Il ajoute que si la construction de mosquées continue, « Ce sont vos femmes, vos filles, vos enfants qui seront kidnappés, et emmenés dans des quartiers réservés comme il en existe à Casablanca. »

Le 12 juillet 1990, à la suite d'une plainte déposée par la LICRA, il est condamné à cinq mille francs d'amende pour diffamation envers un groupe de personnes en raison de leur appartenance à une religion déterminée, car le prévenu « prête à la communauté musulmane dans son ensemble l'intention de commettre des crimes, celui de rapt, et celui de la séquestration » ; mais il est relaxé du chef d'accusation de provocation à la haine religieuse. Le 21 mars 1991, la cour d'appel de Paris confirme la condamnation et annule la relaxe, portant, en conséquence, l'amende à huit mille francs. 

Publications

  • Pour l'honneur de l'Église, Paris, Nouvelle Aurore, 1975.
  • J'accuse le Concile, Martigny, éd. Saint-Gabriel, 1976.
  • La Messe de Luther, Martigny, éd. Saint-Gabriel, 1976.
  • Non : mais oui à l'Église catholique et romaine, Paris, Stock, 1977 Entretiens de José Hanu avec Mgr Marcel Lefebvre.
  • Un évêque parle, Paris, Dominique Martin Morin, 1979.
  • Lettre ouverte aux catholiques perplexes, Paris, Albin Michel, coll. « Lettre ouverte », 1985.
  • Ils l'ont découronné : du libéralisme à l'apostasie, la tragédie conciliaire, Broût-Vernet, Fideliter, 1989 Recueil de sermons prononcés au séminaire d'Écône.
  • Lettres pastorales et écrits (1948-1968), Broût-Vernet, Fideliter, 1989.
  • Bilan de quinze années de réformes conciliaires, Avrille, éd. du Sel, 2006.
  • La Messe de toujours, Suresnes, Clovis, 2006.
  • Itinéraire spirituel, Paris, Iris, 2010.
  • « C'est moi, l'accusé, qui devrais vous juger ! » : commentaire des actes du Magistère pontifical condamnant les erreurs modernes, Suresnes, Clovis, 2014.
  • La sainteté sacerdotale, Suresnes, Clovis, 2015.
  • Écône, chaire de Vérité : intégrale des sermons à Écône, Suresnes, Clovis, 2018.

Publié dans Eclésiastiques

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