Kérillis Henri de

Publié le par Roger Cousin

Kérillis Henri de Henri (ou Henry) Adrien Calloc'h de Kérillis, né le 27 octobre 1889 à Vertheuil-en-Médoc (Gironde) et mort le 11 avril 1958 à Long Island (États-Unis), est un journaliste et homme politique français, figure du nationalisme pendant l'entre-deux-guerres. Fils d'un amiral, il choisit la carrière des armes et entre dans la cavalerie. Il participe en 1914, comme officier de cavalerie, au raid de l'escadron de Gironde. Passé dans l'aviation, il commande l'escadrille C 66, faisant de celle-ci une des premières escadrilles de bombardement de l'histoire. Après la disparition de L'Écho de Paris, dont il était devenu chef du service politique dans les années 1920, il joue un rôle déterminant dans la création du quotidien l'Époque, suspendu en 1940.

Entre 1925 et 1935, il publie deux ouvrages qui sont des comptes rendus de voyages autour du monde, vivants et bien documentés, De l'Algérie au Dahomey (1925) et Du Pacifique à la mer Morte (1931), ainsi que des ouvrages consacrés à l'analyse de la crise politique internationale et aux problèmes politiques français, dont, avec Raymond Cartier, Faisons le point en 1931. En 1935, s'étant rendu à Moscou, il en rapporte un ouvrage très favorable à l'alliance franco-soviétique en dépit des positions conservatrices de son auteur, Paris-Moscou en avion. En 1936, il publie Français, voici la guerre ainsi qu'un essai lucide et sombre en 1939 avec Raymond Cartier, Laisserons-nous démembrer la France. En 1926, aux côtés de Paul Reynaud, il est candidat à des élections législatives partielles à Paris en 1926. Ils sont tous les deux battus.

S'étant rendu compte des manques en matière de propagande, il fonde cette année-là le Centre de propagande des républicains nationaux qui a pour mission de préparer les campagnes électorales à venir, d'aider les candidats de droite dans toute la France et de diffuser les thèmes de propagande. Installé à Paris, au no 102 de la rue Amelot dans le 11e, le centre comprend une école d'orateurs sous la direction du professeur Émile Bergeron, cadre des Jeunesses patriotes, un service de documentation et d'archives destiné à fournir aux candidats aux élections des renseignements sur leurs adversaires, un service d'édition en charge de la confection de tracts, de brochures et d'affiches et enfin un service de presse à destination des périodiques de province. En 1928, Kérillis ne se représente pas, Reynaud est élu député à Paris. En 1932, il est candidat malheureux dans le 7e arrondissement de Paris, battu par un autre conservateur indépendant, René Dommange, mais il est élu conseiller général du département de la Seine.

En 1936, il est élu député de Neuilly-sur-Seine. À la Chambre des députés, il fait partie du groupe Indépendants républicains, présidé par Georges Mandel. En octobre 1938, il est l'un des deux députés non communistes – et le seul de droite – à voter contre les accords de Munich. Lors des débats qui précédèrent le vote de la Chambre, il déclara notamment : « Je sais bien qu'il y a parmi nous des hommes pénétrés de patriotisme qui espèrent que la France pourra vivre en paix, fière, libre, à côté de cette nouvelle et gigantesque Allemagne. [...] Non ! N'espèrez pas ! L'Allemagne est insatiable devant les faibles ; l'Allemagne est impitoyable pour les faibles. L'Allemagne ne respecte que les forts et nous venons de lui montrer que nous ne l'étions pas. » Le 18 juin 1940, Kérillis est à Londres auprès du général de Gaulle à qui il offre ses services. Il part pour New York où il publie un ouvrage incisif et bien documenté sur la genèse du drame de 1940 ,Français, voici la vérité, en 1942. Il collabore, avec Geneviève Tabouis, à New York, au journal français Pour la victoire. Défendant des idées proches de celles du gouvernement américain à l'époque, ses articles constituent dans un premier temps un éloge de la Résistance et du général de Gaulle.

En 1943, alors que les communautés françaises d'Amérique se déchirent entre giraudistes et gaullistes, il supplie les deux généraux de s'entendre et de s'unir. Il finit, lui aussi, par prendre parti en apportant son soutien à Giraud, déplorant, selon ses mots, « l'intransigeance » qui lui semble venir surtout « du général installé à Londres plutôt que d'Alger ». Lorsque de Gaulle s'impose finalement, il fait titrer « le peuple français désavouera », affirmant que la concentration des pouvoirs civils et militaires entre les mains du Général est contraire aux principes démocratiques. Au sein du journal et, entre De Gaulle et Kérillis, la rupture est décisive. Kérillis voue ensuite au général de Gaulle une haine féroce. Dans une allusion à ce dernier, il écrit encore : « Ce que le maréchal Pétain a fait, sur le corps blessé de la République, d'autres soldats pourraient être tentés de le faire dans l'avenir, en abusant de leur prestige ou de la force armée qui leur a été confiée. » En outre, il est ulcéré par la présence des communistes dans le gouvernement provisoire. Il leur reproche leur approbation du Pacte germano-soviétique et d'avoir refusé de servir dans l'armée française.

Après la capture de son fils Alain par la Milice française, suivie de sa mort, il met en cause la responsabilité personnelle du général de Gaulle et écrit un violent article, intitulé Pétain faisait mieux, qui n'est finalement pas publié. Son chagrin et son ressentiment furent résumés dans son livre intitulé De Gaulle dictateur, paru en 1945. Ulcéré et inconsolable, il ne pu toutefois revenir en France par ordre du chef du gouvernement provisoire de 1944 (le général De Gaulle lui-même), et se retira dans sa ferme du Long Island où il mourut le 11 avril 1958.

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