Aliot Louis

Publié le par Roger Cousin

Louis Aliot, né le 4 septembre 1969 à Toulouse (Haute-Garonne), est un homme politique français, conseiller régional de Languedoc-Roussillon et vice-président du Front national chargé de la formation et des manifestations. Secrétaire général de ce parti de 2005 à 2010, puis vice-président chargé du projet de 2011 à 2012, il est l'assistant parlementaire en circonscription (dans le Nord-Ouest) et le compagnon de Marine Le Pen depuis 2009.

Aliot LouisAliot Louis

Il a également été chargé d’enseignement en droit constitutionnel et droit public à l’université Toulouse 1 Capitole de 1998 à 2005. Il exerce depuis mai 2010 la profession d'avocat, parallèlement à ses activités politiques. Par ailleurs, il est élu député européen de la circonscription Sud-Ouest en 2014. Louis Aliot est né d’un père originaire d'Ax-les-Thermes en Ariège et d'une mère rapatriée d'Algérie du quartier de Bab El Oued à Alger, issue d'une famille ayant basculé de la gauche vers la droite nationaliste dans une période difficile marquée par la guerre d'Algérie et le rapatriement. Le sociologue Sylvain Crépon souligne que « le fait d'être né d'une mère pied-noire et d'un père mobilisé pendant la guerre d'Algérie l'a rendu très sensible au sort des rapatriés et de leurs descendants, aux liens que la France entretient avec ses anciennes colonies et au phénomène de l'immigration qui en est issue. Autant de thématiques selon lui indissociables » et relève qu'« il n'a par ailleurs pas hésité à faire ovationner Bastien-Thiry en meeting, membre de l'OAS et organisateur de l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle. »

Son père et son grand-père paternel étaient tous deux plâtriers. Le père de sa mère était un Juif d'Algérie, originaire de Médéa, qui fut naturalisé français par le décret Crémieux de 1870. Sylvain Crépon relève à ce propos qu'« Aliot ne manque également jamais de préciser que son grand-père maternel était juif, ce qui lui aurait valu quelques attaques fielleuses sur des sites Internet d'extrême droite. Une manière de signifier qu'il incarne ce Front national nouveau qui a tourné le dos à l'antisémitisme. Pour autant, lorsqu'il aborde le sujet, on retrouve quelques tics de langage caractéristiques, et sans doute inconscients [...] Exception faite de sa famille, le dirigeant frontiste semble associer l'appartenance à une identité culturelle minoritaire avec l'appartenance quasi automatique à des groupes de pression. » Il affirme par ailleurs que sa grand-mère maternelle s'occupait des archives du Parti communiste français à Bab El-Oued. Lors de l'élection présidentielle de 1965, ses parents participent à la campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, et en 1974 ils votent pour Jean-Marie Le Pen qui recueille alors 0,75 % des voix.

Il suit ses études secondaires au collège d'Ax-les-Thermes en section ski-études puis tennis-études. C'est un amateur de rugby à XV, sport qu’il a pratiqué pendant plus de dix ans, notamment au poste de troisième ligne du club de Tarascon-sur-Ariège. Il effectue ses études supérieures à Toulouse et obtient en 1997 un DEA de science politique puis le 18 juin 2002, un doctorat en droit public. Le jury de sa thèse était présidé par Jean Foyer, ancien ministre de la Justice du général de Gaulle ; elle s'intitulait Les effets institutionnels et politiques de l'élection du président de la République au suffrage universel direct et était dirigée par le professeur de droit public Jean-Marie Crouzatier. Elle fut l'objet en 2003 d'une publication aux Éditions François-Xavier de Guibert. De 1998 à 2005, Louis Aliot est chargé d’enseignement à l'université de Toulouse I en droit public. Le Conseil national des universités le refuse comme enseignant, décision que Jean-Marie Crouzatier explique par des « raisons politiques ». En 2010, il entame les démarches pour devenir avocat, et se fait à cette occasion parrainer par Serge Didier et Jean-Marie Crouzatier, et recommander par Roland Dumas. Il prête serment comme avocat au barreau de Paris le 5 mai 2010, et installe peu après son cabinet à Perpignan.

Louis Aliot est divorcé et a deux enfants. Il est le compagnon de Marine Le Pen depuis 2009. Alors étudiant à l'université de Toulouse, il semble avoir créé une antenne du syndicat Renouveau étudiant. En 1986, il participe à des réunions en faveur de Jacques Chirac. Lors de la première cohabitation, écœuré par ce qu’il considère alors comme les reniements de la droite chiraquienne et le cynisme de la gauche mitterrandienne, il observe avec attention le parcours du groupe parlementaire du Front national et de son chef. Lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 1988, sa mère, qui deviendra dans les années 2000 secrétaire départemental du Front national de l'Ariège, l'emmène à un meeting de Jean-Marie Le Pen. Louis Aliot expliquera ce qui l’a décidé à s’engager un soir de 1988 : « À Lavelanet, dans mon département, lors d’un meeting de Jean-Marie Le Pen, j’ai croisé la haine : celle de la gauche "humaniste", "tolérante" et "progressiste" qui braillait dans la rue, le poing levé en chantant L'Internationale ». Il indique avoir voté lors de cette élection présidentielle Jean-Marie Le Pen au premier tour et Jacques Chirac au second.

Depuis l'affaire de Carpentras en 1990, il adhère au Front national et termine l'année suivante major de l'université d'été du Front national de la jeunesse (FNJ) qui rassemble alors environ deux cents militants, ce qui le conduira par la suite à être formateur au sein du FNJ et proche collaborateur de son directeur national, Samuel Maréchal. Il participe à sa première élection sous les couleurs du FN à l'occasion des élections cantonales de 1992 où il se présente dans le canton de Vicdessos en Ariège. En 1998, il est élu conseiller régional de Midi-Pyrénées sur la liste de Haute-Garonne. La même année, lors de la scission mégrétiste, il adresse une lettre aux adhérents du FN de Haute-Garonne leur enjoignant de rester fidèles à Jean-Marie Le Pen. Peu après, lorsque ce dernier cherche un nouveau directeur de cabinet, Samuel Maréchal lui recommande Louis Aliot ; celui-ci accepte le poste en janvier 1999, mais le quitte en septembre 2000 afin de terminer sa thèse de doctorat à Toulouse.

En mai 2001, Jean-Marie Le Pen le nomme coordinateur de la campagne présidentielle aux côtés de Bruno Gollnisch. Il participe à l'écriture de ses discours et sera à l'origine d’un des axes fondamentaux de la campagne de 2002 : « La République référendaire », ainsi que d’un projet sur le codéveloppement avec l'Afrique. Le lendemain du premier tour, il prend en charge la « cellule présidentielle », poste qui l'amène à préparer l'arrivée de Jean-Marie Le Pen à l'Élysée dans l'éventualité d'une victoire. À cette époque, il est aussi membre de l'Alliance pour la souveraineté de la France qui rassemble diverses personnalités souverainistes15. À partir de juin 2002, il rédige chaque semaine un billet politique dans National-Hebdo qui fait l’objet en 2005, sous forme de recueil, d’une publication intitulée Mes billets pour la France. Dans le même temps, il occupe le poste de secrétaire général de l'association Générations Le Pen, alors présidée par Marine Le Pen, et destinée à mettre en œuvre la « dédiabolisation » du parti. Après l'élection de cette dernière au Parlement européen en 2004, il devient son assistant parlementaire.

En 2005, il est nommé secrétaire général du Front national, succédant à Carl Lang, ce qui est vécu comme la montée en puissance de Marine Le Pen au sein de l'appareil du parti. À ce poste stratégique, il écarte les cadres les plus radicaux. Ses opposants au sein du FN parlent de « purge » et le surnomment « Loulou la purge ». Certains d'entre eux l'accusent d'être au service du « lobby sioniste ». D'après le journaliste Joseph Beauregard et l'universitaire Nicolas Lebourg, Louis Aliot assure qu'entre la scission mégrétiste de 1998 et l'année 2011, les radicaux sont passés de 50 % à 5 % des cadres du FN. Lors des élections européennes de 2009, le Front national lui confie la tête de liste dans la circonscription Sud-Ouest, ce qui sera à l'origine du départ de Jean-Claude Martinez du parti. Lors de la campagne, il se fait remarquer en placardant des affiches où figure sur un fond rose le portrait de Jean Jaurès surmontant l'inscription « Jaurès aurait voté Front national ». Il explique alors que le FN est « la seule formation politique en France à défendre les valeurs de justice sociale et d'humanisme. » Obtenant 5,94 % des voix, il ne parvient pas à se faire élire député européen. Par ailleurs, il devient assistant parlementaire en circonscription de Marine Le Pen, élue députée européenne dans la circonscription Nord-Ouest.

En 2008, il fonde avec Jacques Vassieux le site d'information Nations Presse Info, et en décembre 2009 le magazine Nations Presse Magazine. Le 2 mai 2010, il quitte son poste de secrétaire général afin de soutenir la candidature de Marine Le Pen à la tête du parti et est remplacé par Jean-François Jalkh. Lors du congrès de Tours de janvier 2011, il arrive en tête du vote des adhérents à l'élection du comité central du Front national. Marine Le Pen le nomme vice-président du Front national chargé du projet. Le 12 juillet 2012, il devient vice-président du FN chargé de la formation et des manifestations, et non plus du projet. Localement, après la présidentielle de 2002, il est envoyé à Perpignan pour relancer le FN dans une fédération difficile. Il est ainsi candidat aux élections législatives dans la première circonscription des Pyrénées-Orientales mais sera contraint en septembre 2003 de démissionner de son poste de secrétaire départemental pour mener la liste régionale du parti en Midi-Pyrénées à la suite de la défection de Bernard Antony. Il assure alors dans le même temps la direction des campagnes régionales et européennes en Île-de-France, partageant son temps entre la région Midi-Pyrénées et Paris. Sa liste aux régionales obtient le score de 12 % au second tour, améliorant ainsi son score du premier tour, tant en voix qu’en pourcentage. Ce score lui permet donc d'être réélu au conseil régional de Midi-Pyrénées.

Aux élections municipales de mars 2008, il prend la tête de la liste intitulée « Perpignan, ville libre » et obtient 12,28 % au premier tour et 10,42 % au second, faisant ainsi revenir le Front national au conseil municipal de Perpignan. Lors des élections régionales de 2010, il figure en première position de la section Pyrénées-Orientales sur la liste FN conduite par France Jamet. Ayant obtenu dans ce département 13,64 % au premier tour et 19,99 % au second, il est élu au conseil régional de Languedoc-Roussillon. Lors des élections cantonales de 2011 dans les Pyrénées-Orientales, il se présente dans le canton de Perpignan- où malgré une large avance au premier tour sur son adversaire socialiste Toussainte Calabrèse (34,61 % contre 18,02 %), il ne parvient pas à remporter le duel du second tour (46,24 %). Le 13 février 2013, il annonce officiellement qu'il sera la tête de liste du Front national aux élections municipales de 2014 à Perpignan. À Perpignan, le vice-président du Front national, Louis Aliot, n'a pas réussi son pari. Sorti en tête du premier tour avec 34,20 % des voix, le Toulousain n'a pas transformé l'essai au second face au maire sortant UMP, Jean-Marc Pujol, qui l'a emporté avec 55,11 % des suffrages, dimanche 30 mars. devient conseiller municipal opposition. En septembre 2010, Louis Aliot est à l'origine de la création du club Idées nations qui fait office de think tank du Front national, chargé de fournir une expertise technique à Marine Le Pen et de développer de nouvelles idées, notamment pour la campagne de l'élection présidentielle de 2012.

Dans le cadre de cette campagne présidentielle, il est nommé directeur opérationnel de campagne de Marine Le Pen, chargé du « pôle rassemblement national », et est l'un de ses cinq porte-parole. Les 12 et 13 décembre 2011, il se rend en Israël dans le cadre d'un déplacement qui n'a pas été annoncé préalablement. Il s'agit selon ses déclarations de rencontrer des députés israéliens, ou des élus locaux, issus de différents partis, afin de « nouer un dialogue avec eux ». Au cours du voyage, il rencontre des Français installés en Israël, et présente Michel Thooris, qui l'accompagne, le candidat investi par le Front national pour les élections législatives de 2012 dans la huitième circonscription des Français établis hors de France. Il se rend également dans deux colonies israéliennes de Cisjordanie : Shilo et Eli. Par ailleurs, lors de la campagne, il se fait remarquer par ses propos dans l'émission télévisée Mots croisés au cours de laquelle il indique que le programme de Marine Le Pen comprend le non remboursement de « l'IVG non thérapeutique » qu'il désigne également sous le nom d'« IVG de confort ».

Le 3 mai 2012, il est nommé porte-parole du Front national pour les élections législatives de 2012 en tandem avec Florian Philippot. Se présentant dans la première circonscription des Pyrénées-Orientales, il réunit au premier tour 24,13 % des suffrages exprimés, derrière le député UMP sortant Daniel Mach (28,19 %) et le candidat DVG Jacques Cresta (24,62 %). Lors de la « triangulaire » du second tour, il termine troisième avec 23,24 % des voix derrière Jacques Cresta (42,95 %) qui est élu, et Daniel Mach (33,82 %). Pour Sylvain Crépon, « bien qu'issu d'une famille engagée à l'extrême droite dès avant sa naissance, Aliot ne se reconnaît aucun héritage idéologique précis, si ce n'est celui qu'il a acquis au Front national, ou bien auprès de sa famille et qui est lié au sort des pieds-noirs […]. En dépit de sa trajectoire universitaire, Louis Aliot est emblématique de ces militants frontistes d'origine populaire, encartés très jeunes, et pour qui le FN a tenu lieu de principale matrice idéologique, voire intellectuelle. C'est en son sein qu'ils ont acquis une culture et un savoir-faire politiques, qu'ils se sont forgé une vision du monde. Et surtout, très tôt désignés candidats à des élections locales, qu'ils ont pu bénéficier d'une reconnaissance militante et d'une visibilité publique aussi grisantes qu'inespérées [...] Il est dès lors évident que la reconnaissance et le dévouement de ces « illégitimes » de la politique envers le parti risquent fort de s'avérer entier. »

Louis Aliot fait partie de l'aile modérée du Front national. Il se situe sur une ligne républicaine, souverainiste, anti-communautariste et laïque. Le combat contre les communautarismes doit selon lui permettre de maintenir le lien social. Il met ainsi en garde contre les dangers que constitue selon lui la tentation régionaliste. Concernant l'immigration, il pense que « la France, ancien empire, doit intégrer des étrangers non-européens » à la condition qu'ils « respectent nos valeurs et restent minoritaires ». Sur le plan institutionnel, il axe ses idées autour du recours accru au référendum, parlant de « république référendaire », qui permettrait selon lui de surmonter les « blocages internes, syndicaux, internationaux ». Il se déclare « beaucoup plus proche de Jean-Pierre Chevènement que d'une partie de l'UMP », dénonçant la « droite molle acquise à l'ultralibéralisme ». Ayant accusé un ancien membre du Front national, Christian Baeckeroot, d'avoir insulté Roger Holeindre, membre du FN, il est attaqué en justice pour diffamation et condamné à 500 euros d'amende avec sursis, à payer 500 euros à Christian Baeckeroot au titre de l'article 475-1 du Code de procédure pénale et, solidairement avec Marine Le Pen (qui avait repris les accusations de Louis Aliot), à lui verser 1 000 euros. Louis Aliot et Marine Le Pen ont fait appel ; leur peine a été aggravée : notamment, les dommages et intérêts sont passés à 5 000 euros. Marine Le Pen et Louis Aliot se sont fait critiquer pour l'embauche de Louis Aliot comme assistant parlementaire en circonscription dans le Nord-Ouest (alors qu'il était par ailleurs élu local à Perpignan). Louis Aliot percevait 5 006 euros par mois pour un mi-temps. Le Parlement européen interdit de salarier des conjoints de députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux. Marine Le Pen refusant de considérer Louis Aliot comme un « conjoint » ou « partenaire stable non matrimonial », a procédé à ce recrutement en juillet 2011, malgré les interrogations des services du Parlement européen.

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