Audiard Michel

Publié le par Mémoires de Guerre

Michel Audiard, né à Paris le 15 mai 1920 et mort à Dourdan le 28 juillet 1985, est un dialoguiste, scénariste et réalisateur français de cinéma, également écrivain et chroniqueur de presse. S'inspirant de la gouaille du peuple parisien, les dialogues de Michel Audiard constituent l'un des meilleurs témoignages de l'irrévérence détachée propre aux années 1960. Parfois qualifié d'anarchiste de droite, un des seuls regrets qu'on lui connaisse est de ne pas avoir eu le temps d'adapter à l'écran le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Il est le père du scénariste et réalisateur Jacques Audiard. 

Audiard Michel

Jeunesse

Paul Michel Audiard naît au 2 de la rue Brézin, dans le 14e arrondissement de Paris, quartier populaire à cette époque, où il est élevé par son parrain. Il y poursuit sans grand intérêt des études qui le mènent jusqu'à un certificat d’études et un CAP de soudeur à l’autogène. Passionné très jeune de littérature et de cinéma, il se forge une solide culture, en lisant notamment Rimbaud, Proust et Céline, et découvre les dialogues de Jeanson et de Prévert. Passionné également de bicyclette, il traîne du côté du vélodrome d'hiver, où il rencontre André Pousse, qu'il introduira plus tard dans le métier d’acteur. Songeant un temps à faire carrière dans le vélo, il y renonce toutefois car il « ne montait pas les côtes ». 

La guerre

La Seconde Guerre mondiale, à laquelle il ne participe pas, est pour lui une période de privations, et la Libération le spectacle de tristes règlements de comptes. Sous l'Occupation, il écrit dans plusieurs hebdomadaires collaborationnistes : la nouvelle Le Rescapé du Santa Maria dans L'Appel en 1943, dont les personnages juifs reprennent une symbolique antisémite, et en 1944 un article élogieux sur Autopsie des spectacles, écrit par Jean-Pierre Liausu, antisémite notoire. Dans cet article, il écrit : « Le monde qu'il est convenu d'appeler "artistique" et qui demeure dans sa majorité le plus coquet ramassis de faisans, juifs (pardonnez le pléonasme), métèques, margoulins… », qualifiant également Joseph Kessel de « petit youpin ».

Cependant, à partir de septembre 1943, il est membre du réseau de Résistance Navarre, tel qu'en témoigne une attestation du liquidateur du réseau, le capitaine Grolleau. Il possédait une fiche d'adhésion au groupe Collaboration, qui rassemblait les élites intellectuelles collaborationnistes ; convoqué au commissariat du quartier du Parc-de-Montsouris le 17 mars 1947, il affirme que cette inscription s'était faite à son insu, justification qu'il répète en 1978. 

L'après-guerre

Le 3 mai 1947, il épouse Marie-Christine Guibert en l'église Saint-Dominique de Paris (14e arrondissement). Avec « Cri-Cri », il aura deux garçons : François (né en 1949, mort en 1975) et Jacques (né le 30 avril 1952). Bien que toujours marié, il a en 1953 un troisième garçon, non reconnu, Bruno Meynis de Paulin, qui écrit en 2004 Être le fils de Michel Audiard (éd. Michel Lafon). Au lendemain de la guerre, il vivote comme livreur de journaux, ce qui lui permet d’approcher le milieu du journalisme. Il entre ainsi à l’Étoile du soir, où il commence une série d'articles sur l'Asie, rédigés sur les comptoirs des bistrots parisiens. La découverte de l'imposture lui valant d'être rapidement remercié, il devient alors critique pour Cinévie.

En 1949, le réalisateur André Hunebelle le fait entrer dans le monde du cinéma en lui commandant le scénario d’un film policier, Mission à Tanger, bientôt suivi de deux autres films, de trois romans policiers, et des premiers succès d’adaptation de romans au cinéma (Garou-Garou, le passe-muraille, Les Trois Mousquetaires). Sa notoriété s’étend. En 1955, grâce à Gilles Grangier, il rencontre Jean Gabin, à qui il propose le scénario de Gas-oil. Ainsi commence une collaboration de sept ans et 17 films, dont plusieurs grands succès (Les Grandes Familles, Les Vieux de la vieille, Le Baron de l'écluse, Un singe en hiver, Le cave se rebiffe), et qui ne s’est que peu interrompue (Babette s'en va-t-en guerre, Un taxi pour Tobrouk). 

La célébrité

Michel Audiard est à présent un scénariste populaire, ce qui lui attire les foudres des jeunes cinéastes de la Nouvelle Vague, pour lesquels il symbolise le « cinéma de papa ». En 1963, après s’être un peu fâché avec Jean Gabin, il écrit pour Jean-Paul Belmondo (Cent mille dollars au soleil d'Henri Verneuil) et toute une équipe d’acteurs talentueux, dont Lino Ventura, Francis Blanche, Bernard Blier, Jean Lefebvre (Les Tontons flingueurs et Les Barbouzes de Georges Lautner). Mais la fâcherie avec Jean Gabin ne dure pas, et ils se retrouvent en 1967 pour Le Pacha et collaboreront encore occasionnellement (Sous le signe du taureau de Gilles Grangier ou Le drapeau noir flotte sur la marmite). En 1968, il entame une carrière de réalisateur et tourne des films dont les titres sont parmi les plus longs du cinéma français : (Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause !). Son premier film comme réalisateur, Faut pas prendre les enfants du bon Dieu..., est un succès commercial, mais l'accueil du public va ensuite en déclinant et lui-même est peu convaincu par cette expérience. Après huit films de fiction et un documentaire, il revient à sa véritable vocation de dialoguiste et scénariste.

Le 19 janvier 1975, alors qu’il travaille avec le réalisateur Philippe de Broca au scénario de L'Incorrigible, il est durement touché par la nouvelle de la mort de son fils François, tué dans un accident de voiture. Il en conservera une profonde tristesse, qui donnera désormais à son œuvre une tonalité plus sombre (Garde à vue et Mortelle Randonnée de Claude Miller), même s’il continue par ailleurs à participer à de gros succès populaires (Tendre Poulet, Le Guignolo, Le Professionnel). En 1978, il publie un roman en partie autobiographique La nuit, le jour et toutes les autres nuits, pour lequel il reçoit le prix des Quatre jurys. Il y écrit au sujet de la mort de son fils dans un accident de la route, « ... depuis qu'une auto jaune a percuté une pile de pont sur l'autoroute du Sud et qu'un petit garçon est mort ». Il obtient la reconnaissance de ses pairs en remportant le César du meilleur scénario en 1982 pour Garde à vue.

Gérard Lebovici lui propose ainsi qu'à Patrick Modiano d'écrire une adaptation du livre, L'instinct de mort de Jacques Mesrine, que Philippe Labro réaliserait. Le projet est abandonné à la suite de l'assassinat du producteur. Il a vécu dans un duplex rue de l'Assomption (16e arrondissement) puis à l'hôtel de La Trémoille, 14 rue de La Trémoille (8e arrondissement), dans la chambre 102, payée par la production, et où il écrivait ses scénarios. Il meurt le 28 juillet 1985 dans sa maison de Dourdan, des suites d'un cancer, à l'âge de 65 ans. Il repose au cimetière de Montrouge, dans le 14e arrondissement de Paris. 

Postérité

Les dialogues des films scénarisés par Michel Audiard font l'objet d'un véritable culte populaire, comme en témoigne le nombre de sites web consacrés au sujet. Alexandre Astier (créateur de la série Kaamelott) est un inconditionnel de Michel Audiard et affirme s'en inspirer pour les dialogues de sa propre série. Il en a été de même pour Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h pour la série télévisée Caméra Café. 

Filmographie

Scénariste et dialoguiste

En tant qu'acteur

Réalisation, dialogues et scénario

Publications

Romans

  • Priez pour elle (Fleuve Noir, 1950)
  • Méfiez-vous des blondes (Fleuve Noir, 1950)
  • Massacre en dentelles (Fleuve Noir, 1952)
  • Ne nous fâchons pas (Plon, 1966)
  • Le Terminus des prétentieux (Plon, 1968)
  • Mon petit livre rouge (Presses Pocket, 1969)
  • Vive la France (Julliard, 1973)
  • Le P'tit cheval de retour (Julliard, 1975)
  • Répète un peu ce que tu viens de dire (Julliard, 1975)
  • La Nuit, le jour et toutes les autres nuits (Denoël, 1978) - rééd. 2010
  • Le chant du départ (Fayard, 2017), édité sous la direction de Laurent Chollet

Novélisation signée G. C. Almidan

  • Les Barbouzes, Presses de la Cité, Un mystère no 733, 1965 (novélisation du film Les Barbouzes (1964) de Georges Lautner)
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